Thursday, July 2, 2009

Very bad trip, de Todd Philips

Le film semble débuter sur des chapeaux de roue: un simple coup de fil annonce la situation. Trois types sont sales et plus trop frais au milieu du désert, dans une voiture fatiguée; ils sont sur le point d'avouer à la future mariée qui se prépare que la soirée d'enterrement de vie de garçon a mal tournée, et qu'ils ont tant tout oublié de leur nuit qu'ils ne savent même pas où ils ont laissé le fiancé. Flash-back: nous voici avant le départ. Trois meilleurs amis s'apprêtent à passer une nuit de rêve à Las Vegas, accompagné du frère de la mariée. Le temps semble long jusqu'au premier verre de la soirée. Ellipse. Nous voici au petit matin, nos héros se réveillent avec la plus énorme gueule de bois de leur vie. Ils sont sales, amochés, l'appartement loué est un cirque où circulent tigre et poule. Ils ont tout oublié de leur soirée, et notamment où ils ont laissé leur 4ème compagnon, le futur mari que la fiancée espère voir 48h plus tard pour le mariage. Ils tentent, fouillant leurs poches, interrogeant les gens, de se remémorer cette nuit, jusqu'à ce fameux coup de fil qui lance le film.


La narration, dispersée sans être chaotique, est plutôt engageante. Mais le rythme qui la mène est d'une lenteur en total désaccord avec la volonté caustique et trépidante. Depuis les préparatifs de départ au voyage, jusqu'à ce premier verre qui déclenche l'intrigue, un tiers du film se passe. Autant dire que cette introduction est longue, alors que l'on s'attend à revenir assez vite au coup de fil urgentissime qui sert d'introduction. Le réalisateur connait les ficelles du métier: il présente avec soin, et lourdeur, chaque personnage, l'un après l'autre; expose les liens qui unissent ses personnages; plante un décor où tout peut arriver. Ces règles respectées, l'histoire telle qu'on la connait peut débuter, enfin.


S'ensuivent alors des gags plus ou moins drôles, plus ou moins subtils, et plutôt mal mis en place. En effet, pour faire rire, il faut savoir maîtriser les rythmes, jouer avec les pauses, les accélérations, les découvertes et les déconvenues. Rien de tout cela ici. L'histoire suit son bonhomme de chemin sans détour, et va au bout d'une seule idée à la fois. On s'ennuie, sourit parfois, mais jamais on ne rit réellement.


La fin du film est dans la même verve. Évidemment, le dénouement ne donne pas dans la surprise. Je ne vous apprendrais rien en vous annonçant que le mariage a bien lieu, peu importe dans quelles conditions. Sagement, la caméra se dirige vers chacun des personnages, conclut sur son histoire personnelle, boucle le cercle et énonce un à un chaque évolution qu'a subie le héros. Enfin, dans un grand élan d'amitié, on réunit les protagonistes pour la sublime conclusion finale et le film se ferme sur ce plan d'ensemble et sur une morale à toute épreuve.


Il semble très étonnant que Very bad trip ait reçu un accueil si chaleureux du public américain, alors qu'il réussit si mal son rôle de pur délire qu'il semblait vouloir remplir. D'un autre côté, il faut consulter les autres médiocres performances, scénaristiques notamment, de Todd Philips, pour se douter du résultat. Very bad trip II est malheuresement déjà en préparation...





Very bad trip
de Todd Philips
avec Bradley Cooper, Ed Helms, Zach Galifianakis,...
sortie française: 24 juin 2009

3 comments:

aelx said...

Je dirais plus simplement que c'est une grosse daube, ouais !! Salauds de critiques ! Faut regarder Dude where's my car plutôt que cette bouse ! Ah je suis colère les enfants !!

Unknown said...

Tout à fait d'accord, ce film est à oublier bien vite.

John Plissken said...

Entièrement d'accord avec vous tous. Je suis allé voir ce film encouragé par les critiques et les conseils de quelques amis.
Je suis sorti de la salle limite furax avec l'impression d'une immense escroquerie. Aucun de ces personnages n'a une once d'épaisseur ou d'humanité, les répliques sont plates et platement débitées, ça grouille d'idées faciles et démago (le guest trop pourri de Tyson).
Même American Pie m'a donné le sentiment d'en dire plus sur l'amitié masculine que cette pochade prétentieuse et survendue. Je sens que je vais me défouler sur mon blog tiens...
En tout cas ca fait du bien de voir que vous avez ressenti à peu près les mêmes choses, j'avais l'impression d'être un peine à jouir sur ce coup là, tellement j'entend autour de moi des gens qui ont apprécié (en tout cas, pas un rire pendant ma séance).