Sunday, December 13, 2009

La route, de John Hillcoat

L'homme marche sur la route, trainant un caddie plein de couvertures, de sacs plastiques, de vêtements éliminés. L'enfant qui l'accompagne est son fils, très jeune, né dans ce monde post-apocalyptique. Il n'a jamais connu une vie autre que celle-ci, dans le froid, sans nourriture, seuls, à se dissimuler aux rares autres survivants, qui font probablement partie des "méchants", cannibales pour continuer à errer. L'homme et l'enfant marchent, suivant leur chemin sur une carte déchirée, vers le sud et vers la côte.


Cette destination n'a pas réellement d'intérêt, autre que celui d'un espoir qu'ils savent vains. Le sud ne sera pas plus chaud, l'horizon ne sera pas moins gris, couvert de cendres, et les bandes cannibales rôderont toujours, et il faudra se protéger du froid et des autres. Viggo Mortensen tient à merveille son rôle de père, à la fois doux et fou d'amour pour son fils, en vie pour ne pas le laisser seul, et torturé par les souvenirs; celui de sa femme, de leurs maisons, de la chaleur du monde, avant. Son fils n'a pas connu cette époque si douce. Le rôle du père est de lui enseigner des valeurs, de lui montrer ses points de repères, pour qu'il reste, une fois que l'homme sera parti, un des "gentils". La vague d'espérance propagée par un père à son fils dans un univers qui ne montre pourtant pas le moindre coin de ciel bleu, est l'une des forces du film.


La construction du monde post-apocalyptique dans lequel l'enfant devra continuer, seul, sa vie, est parfaitement haineux, violent. Gris, sous tous ses ciels, même la nature devient un danger. Les hommes qui le peuplent sont les seuls animaux, et ne sont plus régis par aucune autre loi que celle de la survie à tout prix. Ces bêtes errantes que croisent l'homme et l'enfant sont parfaites d'horreur humaine et de violence sauvage. Dans ce contexte, l'enfant réussit à montrer de la compassion, à ressentir de l'amour pour les autres, alors que même son père, qui lui inculque ces valeurs, les oublie à force de paranoïa.


La route est donc un film plein de foi en l'humain, malgré ses décors torturés et la cruauté des rescapés. Cependant, l'image ne parvient pas à la hauteur des mots de Cormac McCarthy, qui a écrit le roman dont est tiré le film. L'image a beau être magnifique, la réalisation n'a pas su rendre le tranchant du phrasé de l'auteur, son aspect brut et l'avarice de dialogues. Quitte à en prendre plein la figure, mieux vaut donc lire le texte dépouillé de Cormac McCarthy.


La route
de John Hillcoat
avec Viggo Mortensen, Kodi Smit-McPhee, Guy Pearce,...
sortie française: 2 décembre 2009

2 comments:

farfadette said...

Eh bien rien que la description me donne tres envie de le voir ! un film qui a l'air tres touchant et plein d'humanité !

mi said...

Voir ce film...absolument.
et en plus lire le livre, une aventure qui laisse ses empreintes....
et si on on prend plein la figure, tant mieux, on s'occupera peut être un peu mieux de notre "Belle Bleue"