Wednesday, February 4, 2015

Birdman, d'Alejandro González Iñárritu

Les trois derniers soirs avant la première de la pièce qu'il a adaptée, mise en scène, et dans laquelle il interprète aussi un personnage sont un challenge pour Riggan Thomson. L'ancien acteur qui a cartonné dans le rôle d'un super-héros des années auparavant se reconstruit une identité, alors que son personnage, Birdman, le hante, dans sa tête et dans la bouche de tous les critiques qui l'attendent au tournant.


Salut février, plus besoin de faire des films, j'ai déjà celui qui est en haut du podium cette année. Je suis tellement désabusée d'habitude, que si vous passez sur ce blog ne serait-ce que de temps en temps, ça devrait vous suffire pour vous faire une idée de mon engouement (fort et violent). 


Je vais au cinéma, beaucoup, et ce n'est même pas mon métier Je serais certainement plus gentille si j'étais payée pour critiquer, pour me mettre à la place du spectateur lambda. Je vais au cinéma pour le plaisir et mes critiques sont justement le reflet de mon plaisir. Suis-je de plus en plus difficile à contenter ? Je ne crois pas ; à voir une grosse quantité de films, j'ai surtout l'impression de voir toujours la même chose. Du coup, un film moyennement bon m'enchantera plus ou moins selon mon humeur du jour. Certains jours, je serais compréhensive et je verrais les points positifs, une bonne réalisation me suffira ; d'autres jours, la redondance, l'absence d'originalité m'énerveront et je ne retiendrais que cela. 


La plupart des films sont de bonne facture ; notamment les blockbusters, excellemment réalisés, maîtrisés dans la manipulation de nos sentiments. C'est ce que donne à voir pas mal de sélectionnés aux Oscars : malgré leurs propos, American sniper ou Unbroken pourraient remporter un prix pour leurs montages sonores ; Keira Knightley est parfaite dans son second rôle d'Imitation game et Steve Carell à contre-emploi dans Foxcatcher étonnant. Il n'y a qu'une catégorie où le sentiment prend le pas sur la technique, c'est celle du meilleur film. Qu'est-ce qui fait qu'un film est simplement LE meilleur ?


Birdman débute sur l'image d'un type en slip en méditation dans une pièce en bordel. La caméra tourne, le type médite en apesanteur ; il se regarde dans le miroir, on réalise qu'il est dans une loge. Le type est donc un saint, un fou, ou on est dans un film de science-fiction. Il est acteur. Et puis il se déplace, la caméra toujours avec lui, au plus près de ses pas ; la caméra nous emmène avec elle dans des coulisses où tout, comme sur la scène est théâtralisé et minuté pour reproduire la vie, sans les minutes d'emmerdement. Le type est sur scène, il prend sa place, il dirige, il prend de l'importance, il est metteur en scène. Tout s'emboîte à merveille en laissant la juste place au mystère et à la folie. 


Le film ne se soucie pas de retranscrire le réel, ou une certaine image de la réalité, ni de nous emporter dans la fiction. Le mélange de tout cela, dans ces scènes de film, sur cette scène de théâtre où un homme désespère de reprendre pied vibre en accord avec la caméra, la musique omniprésente mais pas inappropriée, les dialogues ciselés et les situations extrêmes et banales.


Quelle que soit mon humeur, Birdman est un bijou, une pépite dans un cinéma qui divertit sans se renouveler, une incongruité qui est le cinéma tel qu'il devrait être.



Birdman
d'Alejandro González Iñárritu
avec : Michael Keaton, Zach Galifianakis, Edward Norton,...
sortie : 25 févirer 2015

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