Sunday, September 13, 2009

Non ma fille, tu n'iras pas danser, de Christophe Honoré

Léna, séparée de Nigel, dont elle a la garde de leur deux enfants, cherche encore à retrouver un équilibre de femme et de mère depuis son divorce. Elle a quitté son travail à l'hôpital pour se consacrer à ses enfants, et sa famille s'inquiète de son absence de revenu et de cette focalisation intense sur sa progéniture. A l'occasion d'un départ de vacances des parents de Léna, toute la famille se réunit à la campagne. C'est le moment idéal pour tous ,de mettre à exécution un plan visant à séparer pour un temps Léna de ses enfants, et de la pousser à retrouver un travail. Frédérique, la soeur, est là avec son mari et leur petit garçon; Frédérique, enceinte, sent son mariage vaciller. Gulven, le frère, est là avec sa petite amie, une jeune fille qui semble comme son ami, vivre sur un nuage; Gulven profite de cette réunion familiale pour annoncer ses fiançailles. Anton et Augustine, les enfants de Léna, sont balloté au milieu de toutes ces histoires d'adultes. Annie et Michel, à la tête de toute l'assemblée, essaient de donner l'exemple d'un couple parfaitement uni avec les années...



Après sa "trilogie parisienne", Dans Paris, Les chansons d'amour et La belle personne, Christophe Honoré retourne vers sa Bretagne natale; il s'attaque à des relations plus mûres que celles, adolescentes, évoquées dans ses trois premiers films. Mais l'ambiance reste la même, avec une galerie de personnages tous réunis dans un même lieu, spacieux, mais où ils ne peuvent éviter de se croiser. Cela donne un joli méli-mélo de dialogues, qui, comme d'habitude chez Christophe Honoré, s'énoncent de manière un peu théâtrale, affectée, et dans le plus grand respect de la langue française. Pour cette petite tragédie qui se souhaite plus terre à terre que la trilogie parisienne, ça fait un peu tache. Et ces histoires que chacun déclame ne nous éclairent en rien sur les raisons du malaise de Léna.


Car Léna, qui est au centre du film, est incommensurablement triste, se cherche, hésite entre son rôle de mère, celui de femme libre, et celui d'une jeune fille romantique qui cherche à se lier à un homme pour la vie. Ses questionnements sont vains, elle ne trouve pas de réponse, et erre en pleurant un peu, en criant, mais pas trop fort, parfois. Cet égarement la pousse à marcher, hésitante, dans une direction, pour finalement s'orienter dans une autre, et ainsi de suite. Le film, comme son héroïne, piétine, sur place, et n'emmène le spectateur vers aucun extrême, le laissant flotter entre deux eaux, entre le bonheur et l'hystérie, tous deux effleurés, jamais franchement filmés.


Et c'est bien dommage que le scénario, trop faible, ne donne pas à Chiara Mastroianni un rôle à sa hauteur. Car il est bien agréable de la voir à tous les plans, à la fois touchante et exaspérante. Christophe Honoré dirige d'une main de maître des acteurs avec qui il semble établir des relations toutes particulières, très confiantes. Et ses acteurs déjà fétiches ont chacun leur place dans ce film: Louis Garrel joue le jeune amant, Alice Butaud la fiancée légère, et Julien Honoré, "frère de", interprète avec brio une âme d'artiste. Mais, encore une fois, n'aimerait-on pas mieux voir le cinéaste tenter autre chose, s'offrir le luxe du risque?


Les trois premiers films de Christophe Honoré donnaient aux hésitations adolescentes un charme désabusé. Le réalisateur emprunte le même chemin tout en voulant donner le change, mais on n'est pas dupe. Les ficelles sont grossières, déjà utilisées, et il est temps de consommer le divorce et de passer à du nouveau. J'espère que Non ma fille, tu n'iras pas danser n'est qu'une étape un peu manquée dans la carrière si joliment amorcée de Christophe Honoré.



Non ma fille, tu n'iras pas danser
de Christophe Honoré

avec Chiara Mastroianni, Marina Foïs, Marie-Christine Barrault,...
sortie française: 02 septembre 2009

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