Wednesday, May 19, 2010

Robin des bois, de Ridley Scott

Lorsque Robin des bois était encore Robin Longstride, il parcourait le monde, en croisade avec son roi belliqueux, Richard Cœur de Lion. Cependant, Robin désirait plus que tout sa liberté. Alors qu'il décide, avec trois de ses compagnons, de se faire la malle, Richard Cœur de Lion est tué sur le champ de bataille. Robin et ses copains prennent la place des chevaliers chargés de remettre la couronne au Royaume; ce faisant, Robin fait la promesse de remettre l'épée de Robert Loxley, mort sous ses yeux, au père du défunt. Il n'a pas franchement l'intention de tenir sa promesse, mais l'inscription sur le manche de l'épée éveille des souvenirs de son enfance, et de son père, mort quand le jeune Robin n'avait que six ans. Robin Longstride se rend alors à Nottingham, rencontre la belle Marianne, le Frère Tuck et ses abeilles. Richard mort, c'est son frère Jean qui devient roi. Jean qui ne pense qu'au plaisir et à l'argent facile, se fait avoir par Godefroy, personnage étrange qui se met du côté du vainqueur... Misant sur les Français, il dupe le roi Jean, et prépare le terrain pour l'armée française... Robin se trouvera alors au cœur des combats, et prend définitivement conscience de la pourriture des gens du pouvoir, pour devenir Robin des bois.





Amateur de Robin des bois, le défenseur des opprimés, le svelte et futé, coiffé d'un chapeau vert, le léger jeune homme qui défend les paysans des aristocrates, en dépouillant ces derniers d'une malice, passez votre chemin. Robin Longstride est Russell Crow, tout en muscles, bourru et pas vraiment souple, qui ne sait même pas ôter sa chemise tout seul. Il s'exprime par grognements, ou onomatopées lorsqu'il est bavard, et emmène un pays entier contre un autre, au nom du roi. Certes, le film raconte comment Robin Longstride est devenu le Robin des bois que l'on connaît. De là à en faire un personnage entièrement différent, juste en le plaçant au milieu d'une Belle Marianne, d'un Petit Jean et d'un Frère Tuck, c'est un peu fort. 


Ces personnages secondaires justement, parlons-en. Marianne dirige ses Terres d'une main de fer, et se laisse évidemment traiter en faible femme dès que Robin débarque, tout viril. Retrouvant son rôle d'amazone dans les derniers instants, elle entraîne des orphelins vivant dans les bois à la guerre, en une ridicule armée maigrichonne. Le Frère Tuck est fidèle à son image, tant, que c'en est ridicule. Les trois potes de guerre de Robin chantent des chansons en s'accompagnant à la mandoline, introduisant des scènes musicales dignes d'un Walt Disney sans poésie. Et tout ce petit monde se prosterne devant un Robin Longstride qui, alors qu'il a du mal à dire trois mots à la suite, explose d'éloquence lors d'un grand discours pour le peuple, et balance un "I love you" choquant de sobriété à Marianne avant de partir au combat. Notre hors-la-loi en devenir croit d'abord en son pays, et a confiance en son roi; en ses rois, puisqu'il ne quitte Richard que quand il meurt, et qu'il donne ensuite un coup de main à Jean.


Et contre qui s'il-vous-plaît? Contre les Français. Le film, présenté à l'ouverture de Cannes, montre nos compatriotes menés par un nonchalant mangeur d'huitres - il ne sait même pas les ouvrir correctement. - et qui a le mal de mer. Notre jolie nation est peuplée de méchants qui veulent conquérir l'Angleterre. Tout le monde ne parle pas trop mal français, mais personne ne fait de phrases de plus de cinq mots. Peu m'importe que les Français n'aient pas le beau rôle, surtout quand il s'agit d'Histoire. La dérision a cependant sa place dans un bon film, et, celui-ci étant mauvais, mon patriotisme en prend un coup; pourquoi présenter un tel film en ouverture de Cannes?!


Je passerai sur le reste de l'intrigue insipide, qui met en jeu l'enfance oubliée de Robin, retrouvée par flash-back en gris et verts, sur les bons sentiments et la morale d'un faible peuple opprimé par son gouvernement corrompu, sur le découpage ahurissant d'incohérence, et sur les effets spéciaux à gogo. Quant à ces scènes de combat, d'une banalité de gros plans de moins d'une seconde à mourir d'ennui, je préfère les oublier. Ce merveilleux scénario est développé sur plus de deux heures moroses, comme si l'accumulation de rebondissements pouvait faire oublier cette fastidieuse séance de cinéma.


Robin des bois
de Ridley Scott
avec Russell Crow, Cate Blanchett, William Hurt,...
sortie française: 12 mai 2010

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