Marianne Lane profite de vacances, isolée du monde avec son compagnon, pour retrouver ses cordes vocales qui font son succès et sa gloire d'artiste rock. Harry, son producteur et ex, perturbe leur petit îlot de tranquillité en débarquant avec une fille que tout le monde lui découvre et qu'il fait volontiers passer pour sa petite amie.
Ce remake de La piscine, de Jacques Deray, conserve les trames principales de l'intrigue : un couple se prélasse amoureusement dans une villa de rêve sous le soleil, et un ex-amant accompagné d'une nymphette attirante vient éclater cette bulle. A l'époque, Alain Delon et Romy Schneider se réunissaient de nouveau dans un film, des années après leur séparation et Jane Birkin débarquait pleine de fraîcheur et d'innocence. La tension entre les corps montait au soleil et au bord de la piscine, encore échauffée par l'aura des acteurs.
Luca Guadagnino joue ses cartes différemment, en introduisant des éléments rock'n'roll dans son film plutôt que de miser sur ses acteurs et leur vie réelle. Les personnages, avec leurs clichés, ré-introduisent facilement la tension sexuelle nécessaire au dénouement final. Le passé entre la star de la chanson, qui remplit des stades, et son producteur volubile boosté à la cocaïne, affublé d'une fille sexy venue d'on ne sait où, se tient parfaitement. Et pour faire monter la température, le réalisateur utilise le contraste entre Marianne, muette, et Harry, moulin à paroles. Entre les deux, Paul et Pénélope ne peuvent que se trouver exclus et donc se rapprocher.
Le fonctionnement du film suit donc le même déroulé que l'original mais dépend de ficelles différentes, ce qui rend la comparaison inévitable et particulièrement intéressante. Luca Guadagnino réussit particulièrement à re-contextualiser dans une époque contemporaine moins langoureuse, plus charnelle et fonceuse. Ses images sont des sursauts, des éclats, brutales parfois, volcanique comme l'île italienne sur laquelle le film se déroule, et discordantes comme la musique qui tient lieu de fil rouge. Par ailleurs, j'ai justement décroché quand il abandonne le rock au profit d'un thème plus 60' que le reste de son film.
Si Harry est parfaitement irritant, et Ralph Fienes parfait dans son rôle, on ressent moins le déclin du couple de Guadagnino que celui de Deray, jusqu'à leur réunion autour de la tragédie finale. Un manque d’ambiguïté qui est aussi le point fort de A bigger splash, le détachant définitivement de La piscine et en lui permettant d'exister sans l'original.
A bigger splash
de Luca Guadagnino
avec : Tilda Swinton,
Ralph Fiennes,
Dakota Johnson,...
sortie le : 6 avril 2016
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