Davis perd sa femme dans un accident de voiture, alors qu'il était à ses côtés. Violence du choc, ou alors manque d'amour, apathie ? Après le décès de Julia, Davis ne ressent pas de tristesse. Alors que son beau-père et patron vit pleinement la douleur d'avoir perdu sa fille, Davis couche sur le papier son absence d'émotion et commence une correspondance avec le service client d'une entreprise fournissant des distributeurs automatiques.
Jean-Marc Vallée se distingue par ses choix judicieux de scénario, des histoires solides et fortes, qui tiennent la route, et une mise en scène tape-à-l'oeil qui en fait un peu trop. Dans le cas de ce scénario, dont certaines séquences musicales, véritables odes au personnage principal qui trouve sa personnalité dans ce show-off, font écho à un Pretty Woman version testostérone, le tape-à-l'oeil fonctionne. J'ai eu envie de danser avec Davis, sauter dans les flaques d'eau, trainer mes guêtres dans des coins de nature urbaine, glisser sur des rampes d'escalier. Jake Gyllenhaal y est pour beaucoup, engonçant sa carrure massive de nounours dans un costard qu'il explose soudain au profit d'un bleu de travail (en chemise blanche et totalement brandé, plus élégant, mais c'est l'idée).
Davis étant suffisamment charismatique, on oublie le personnage de Naomi Watts, assez barrée pour répondre au courrier d'un client d'évidence psychopathe, entrer en relation avec lui pour ensuite jouer au chat et à la souris sans que la question du sexe soit vraiment mise sur le tapis. Elle a sans doute ses raisons, mais lesquelles ? Jean-Marc Vallée fait complètement l'impasse.
On s'en fiche, Demolition est un feel-good movie qui fait du bien et prend à pleine poigne l'idée d'une catharsis cinématographique, à grands coups de marteau dans les murs. Je me demande si les critiques et les médias ont vu le même film que moi, à lire leurs psychanalyses. Chaque excentricité de Davis est une métaphore du sens de la vie. Oui, bon, déconstruire pour rebâtir, il ne faut pas aller chercher bien loin. "Méditation sur le chagrin" et "réflexion sur le deuil" (note d'intention du réalisateur), l'indifférence à tout conférée à Davis, qui a tout sauf le bonheur,... autant de petites notes qui me paraissent vouloir donner de la profondeur à un point de départ plus que basique, l'histoire d'un type qui n'aime pas sa femme. Il ne faut pas aller chercher plus loin !
Davis n'est pas apathique, il se trouve juste qu'il perd quelqu'un à côté de qui il avait l'habitude de vivre mais avec qui il se sentait étranger. D'où l'absence de larmes et de sentiments ; ces derniers n'existaient pas avant et ne vont pas se révéler avec le deuil. La disparition de Julia n'est qu'une exhortation à Davis de s'extraire du carcan de son gentil train-train.
Il s'en donne à cœur joie, dans un joli foutoir anarchique qui lui permettra de repartir, dans un happy end prévisible. Quant à Karen (Naomi Watts), elle en profite aussi, vers où, on ne sait pas plus qu'on ne connaissait ses raisons.
Demolition
de Jean-Marc Vallée
avec : Jake Gyllenhaal,
Naomi Watts,
Chris Cooper,...
sortie le : 6 avril 2016
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