Le Classics Challenge
est une proposition, qui diffère de toutes les courses, rallyes,
brevets, etc cyclistes. Paris, point de départ d'un bon nombre de tracés
mythiques au fil des ans, met à portée des villes, à 140, ou 270
kilomètres. Sur ces parcours, voici les images et les récits des 5
propositions de cette première saison du Classics Challenge, avec mon équipe, les CSP Garrigou.
30
décembre 2015. Fin d'une année grise. Pas noire, ça serait donner
trop d'importance à la tristesse ; il y a pire dans le monde qu'une
année de merde, une année paumée, une année à courir après soi.
Fin 2015, pour tuer le temps jusqu'à la prochaine, je concrétise
une idée qui me trotte depuis longtemps dans la tête et je fais le
tour des magasins de vélos de Paris. J'entre, je discute, on me
demande ce que je prévois, je réponds que je n'en sais rien, que
j'ai juste envie. Le lendemain, je reviens, je me suis décidée, et
j'achète un vélo. 2015 se termine le soir même. Contrairement à
ce que je prévoyais, je passe une bonne soirée, je ne me carapate
pas à minuit et 1 minute, je danse ; je reste raisonnable sur
la boisson et je vais sagement me coucher à 3h du matin ; demain,
enfin, dans quelques heures, je roule.
Le 1er
janvier, il n'y a que moi sur la route que j'ai choisie. A peine 18 km,
une heure, une broutille, mais pour une première, un premier de l'an, c'est pas
si mal. Mon Strava est inauguré pour
l'occasion. J'ai l'impression de ne pas aller très vite, parfois trop vite, je freine
devant les feux rouges, je me démets une hanche en dé-clipsant en
avance, et cette cale m'agrippe de nouveau alors que je veux poser le
pied à terre. Les pics d'adrénaline sont nombreux. A l'issue de cette
première sortie, je suis contente, pas vraiment épuisée physiquement,
crevée
mentalement. Ce changement
de ma pratique cycliste est rude, est-ce que ce vélo va m'aimer, est-ce
qu'on
va s'apprivoiser ?
Ca fait
plus d'un an que je n'ai pas pris le métro ; avant ça, j'étais
partie vivre en Australie ; j'avais
immédiatement acheté un vélo, un cadre rose, ou magenta, une
couleur atroce en tout cas, un VTT bancal, que j'utilisais tous
les jours. Je m'étais vautrée une nuit, histoire de sceller notre
amitié dans la boisson et sur le bitume. Avant l'Australie, je
faisais 30km tous les jours pour aller bosser, sur un vieux cadre
Peugeot ; j'évitais le métro jusqu'à appréhender les moments de
l'année où j'étais quand même bien obligée de le prendre. Au fur
et à mesure des années, j'avais trouvé toutes les parades : pour
aller à l'aéroport, mieux vaut prendre un car, et quand il neige...
heureusement qu'il ne neige pas chaque année à Paris. Chaque fois,
le même scénario connu à l'avance, mais que je répète, encore
maintenant, comme un TOC. Je sors de chez moi, je pousse le vélo
vers une grande artère, parce que les voitures ne passent pas assez
dans ma petite rue pour réchauffer le bitume. Sur le boulevard,
je m'aperçois que c'est la même histoire. Je roule quelques mètres.
Dangereux. Je peste, j'attache soigneusement le vélo en lui
promettant de venir le récupérer le soir. Je me rends à l'arrêt de bus,
je ne sais pas trop quel trajet je vais suivre. Le bus ne passe pas. J'attends quand même ; parfois il y en a un. Je
vais vraiment être en retard pour aller travailler. Je prends le
métro en soupirant, je ne sais pas quelle ligne passe près de chez
moi et j'ai encore oublié le nom de la station à laquelle je dois m'arrêter.
Aussi loin que je me souvienne, j'ai marché, pris le bus, et puis découvert le vélo et c'était mon moyen de déplacement. Tous les jours, jusqu'à des trajets quotidiens entre le centre de Paris et St Cloud. Pourtant, je n'ai jamais considéré le vélo comme un sport ; jamais imaginé faire des centaines de kilomètres pour bosser mon cardio ou faire travailler mes muscles. En revanche, je me souviens avoir tourné furieusement les jambes dans le but de me vider la tête.
Deux
mois plus tard, en 2016, me voilà à parcourir mon premier 200 km, et
je n'ai même pas peur. Il fait froid pourtant ce jour-là. Les 200 km se changent en 240 km, parce qu'aucun de nous
n'a le cœur de prendre le RER. La route est longue, mais on s'en
fiche, on comptait y passer la journée. Une fois l'exploit accompli, et qu'il faut
rentrer, toute la fatigue se fait sentir.
Les
Classics Challenge m'ont enthousiasmée, et j'ai rajouté 886 km au
compteur cette année. Alors que je termine les cinq parcours choisis par François, je pars à nouveau
en voyage, loin et pour un bout de temps ; une nouvelle page se tourne.
Quand je reviendrai, je ne serai pas perdue. Mon vélo et les routes m'attendent.
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