Sunday, February 5, 2017

Length of Normandy - Paris-Les 2 Moulins & more, 395k

Il y a des #Festive500 qui se perdent. Pourquoi se limiter au mois de décembre, alors que le vélo est toujours une fête ? Pour clore le premier mois de l'année, j'ai entraîné les copains vers la Normandie. Le prétexte : la préparation au #BTR2017 de juin. Il n'est pas trop tôt pour commencer à cumuler les kilomètres en vue de ces 1200 qui nous attendent. La Normandie n'est pas connue pour son gros dénivelé mais j'ai du D+ prévu plus tard cette année. L'argument : une bicoque normande perdue au milieu des champs, dont la déco sent l'humidité et les années 80 ; elle a le bon goût d'être immense et d'inclure une cheminée.

220k le premier jour. La veille, il a gelé, et la météo s'est brusquement radoucie. Je n'ai aucune idée de ce que j'aurais décidé si on avait décidé de partir le vendredi. Tout annuler, décaler ? La question ne se pose pas. Il fait doux. Tout le monde enlève une couche dès ce départ de Longchamp, en prévision de la première bosse, le Mont Valérien. On se dirige vers St Germain, je connais ces 100 premiers kilomètres par cœur. On traverse suffisamment de villages pour s'arrêter prendre un café, un sandwich. Notre petit peloton de 7 roule à bonne allure, il y en a deux qui ont misé sur le train de 17h20. Ça me parait légèrement prétentieux. Je ne les sous-estime pas, mais il se pourrait qu'ils doivent m'attendre. Avec une moyenne plus qu'honorable, qui va suffisamment déprimer Stéphane pour lui faire reprendre le train, ces considérations sont balayées : on arrivera à Yvetot avant 17h. Quand on continue au-delà de Rouen, pour bifurquer plus au nord, je rentre dans l'inconnu.

L'inconnu est une belle surprise. Après Rouen, il faut traverser la Seine ; le bitume s'arrête au bord du fleuve où un ferry semble n'attendre que nous. On embarque en souriant jusqu'aux oreilles et ça fait marrer les automobilistes habitués à la balade. Puis, une petite forêt laisse des rayons de soleil filtrer. A Yvetot, on laisse 3 d'entre nous à la gare, il y a encore 15k à travers champs et le soleil n'est même pas encore couché. Il y aura d'autres routes, d'autres beautés, des points de vue, la mer et un pneu déchiré entre Yevtot et une fin de ride avortée sans regret. Quelques litres de cidre avec modération, des jerseys étendus devant l'âtre, des bottes de pluie et une attente nocturne pour un compagnon de route perdu dans la campagne, des conversations, du vent de face et plein d'autres belles choses qui ont rendu ce week-end exceptionnel.

Après une année à écouter, étudier, roulotter, avec ces fous de cyclistes, je suis prête à rendre la monnaie de leur pièce à ceux qui m'ont enseigné tant de choses. Enfin, non, je ne suis pas prête du tout. Sera-t-il seulement possible un jour de ne rendre que 10% de tout ce que j'ai englouti de bonnes ondes l'an dernier ? Je souhaite remercier les uns et les autres. Ça me prendra toute une vie. Ça commence avec un ride en Normandie.

Jusque là, je me suis intégrée. Cette fois-ci, je suis à l'origine du week-end sur la route. En charge du parcours et du bien-être de tous. Les routes, je les connais, à vélo jusqu'à Rouen, et sans les avoir jamais roulées, je sais ensuite ce dont elles ont l'air et ce qu'elles peuvent nous apporter comme confort et comme paysages. Strava me donne un coup de main ;  j'ai appris à y suspecter les têtes d'épingle, y déceler les chemins de gravel. Ok, je vais me laisser surprendre par la traversée de la Seine, qui aurait pu se faire à la nage, si le ferry ne nous avait pas attendu. Si on ne prévoit pas et que c'est beau, ça ne compte pas comme une erreur.

Mon vélo, je le connais, il ne fait plus qu'un avec mes deux jambes. Adapter les pneus, la pression, l'équipement à la route et à la météo, ça, oui. Je n'imagine pas que ça me fera rouler en tête sur 500km, ni même sur 10 à vrai dire. Rester dans les roues et garder le peloton groupé, je suis suffisamment autoritaire (/insupportable), je vais gérer. Ne pas laisser les gens fatiguer à l'avant, ne pas oublier ceux qui trainent derrière. On ira vite, je resterai dans les roues et je garderai l’œil sur tout le monde. Ce qui me fait vraiment peur cette fois, ce n'est ni le nombre de kilomètres ni notre vitesse moyenne, c'est ce groupe d'humains que j'ai réuni.

La route peut s'enlaidir de fanfarons ou de paresseux. Il n'y a pas ce genre de phénomènes au départ à Longchamp. Sur 500k toutefois les cyclistes peuvent se révéler. Mon challenge, c'est que ces personnalités, agréables à Paris, s'accordent ; que les conversations fusent toujours aux 2 Moulins à l'arrivée, même avec la fatigue et en cas d'averse. Une douche chaude, des lits faits, un feu de cheminée ; les patates à la braise, spécialité de la maison normande, aident beaucoup. Il faut aussi que nos cyclistes se trouvent des atomes crochus. Je ne suis pas bavarde, je ne suis pas une personne sociable, les foules me font peur. Mais eux, je les aime. J'ai envie qu'ils ne pensent qu'à rouler et pas au reste. Qu'ils aient envie d'y revenir. Qu'ils n'aient qu'à apprécier. Qu'ils retirent du bonheur, des souvenirs, du positif.


Au retour, on écourte le ride, en train depuis Elbeuf, non, Saint Aubin. Je m'en fiche éperdument, de ces 500k que je ne roulerai pas jusqu'au bout. J'ai rempli mon challenge.

 
crédits photos : Jeanne Lepoix, xhaby64, crooam, fannybens

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