Wednesday, August 22, 2018

#TriRhenaMille - 1000km, 13000D+, 47h de selle/63h

Entre #TCRno6 et #RAAF, je passe mon été au bureau et à dotwatcher. L'envie et la peur se mêlent, comment font-ils pour parcourir autant de kilomètres, ne dorment-ils jamais ? Le concret des routes, des paysages et de la fatigue, transparaissent difficilement derrière ces petits points. Je connais la sensation et la ressens comme un manque, ce bonheur qu'ils ont à rouler, rouler sans cesse. C'est pour le vivre aussi que je suis au départ de la #TriRhenaMille : 1000 kilomètres, 13000D+ et une barrière horaire. Je n'ai que trois jours de route, deux nuits, une distance et un temps bien moindres à ceux effectués par les petits points sur mon écran. Pour l'instant, ce sera assez pour ma piqure d'accro à la longue distance.

Le départ est pour une fois matinal, une nouvelle expérience et une énergie différente à gérer. La boule au ventre part et revient mais est plus souvent éloignée ; je respire dans mon élément. Nous sommes 70 environ au départ de ce #BRM1000 : petite organisation, peu de médias, et des habitués de l'Audax. Cette population performe en toute discrétion. On va rouler les Vosges, le Jura suisse, la Forêt Noire, on va croiser le Mont St Odile en Alsace et je ferai de loin un signe attendri au Haut Koenigsbourg.

Je n'ai jamais roulé quelque chose d'aussi difficile. C'est ce que j'ai déclaré vers le km500, en Allemagne. C'est ce que j'ai pensé tout du long de cette route, quand dans la nuit je redémarre sur des zones roulantes sans dépasser les 23km/h. Les cols s'enchainent toujours un peu plus hauts et je crie ma frustration sous la pluie. La fin du parcours a condensé mes sensations, entre le dur et le ravissement. 

Km800, j'enrage sous des trombes d'eau ; après ces trois jours enchantés, ce n'est pas possible de terminer aussi minablement ! Le dernier col me fait passer de la pluie au bleu ; je grimpe, ca n'en finit pas et pourtant j'y suis, la tête vers le soleil et les jambes qui ne pensent pas. Je redescends gelée et sur les freins, agacée de ne pas savoir profiter de ces jolies tournants dans la roche. Il fait chaud dans la vallée et il ne reste que 60km qui filent entre les champs de maïs. J'ai vu un horizon couvert, une montagne et un coucher de soleil rouge, j'ai ragé, j'ai grimpé et eu peur, et maintenant l'enthousiasme et les jambes pleines de vie, je relance et je fais la course avec un gamin sur le trottoir.

Mon corps a pris l'habitude, je n'ai plus de douleurs, pas de courbatures, ni de doigts qui grimacent ; le sommeil a été récupéré après une grosse nuit. 1000km, trois jours, voilà la troisième fois cette année que je suis #finisher d'un tel format. Qu'y a-t-il, un peu plus loin ?

Merci Pascal, le CCK, tous les bénévoles qui se sont dédoublés, présents à chaque ravitaillement, avec le sourire, aussi enthousiastes que nous, attentifs à nous donner la force d'avancer. Une équipe tellement incroyable que j'avais l'impression de tricher, rien de plus à faire que de rouler.

1 comment:

Jeff said...

Vraiment bravo, toujours aussi impressionnant de lire ces recits d'ultras distances!