Wednesday, April 22, 2009

OSS 117: Rio ne répond plus, de Michel Hazanavicius

Le monde a changé, les mentalités ont évolué, la révolution sexuelle est en marche, mai 68 approche à grands pas; mais OSS 117 est resté le même, paraît-il. En vérité, l'univers dans lequel avance le toujours macho, toujours égoïste, toujours charmeur, Hubert Bonisseur de la Bath n'a vieilli de 12 ans que sur deux points: en premier lieu, le patron d'OSS 117 s'offre le luxe d'illustrer cette nouvelle mission, un banal échange d'argent contre 2 microfilms que détient un ancien nazi, avec une unique diapositive; la seconde modernité, c'est la jeune et jolie lieutenant-colonel de l'armée israélienne qui accompagne OSS 117 dans sa mission. La jolie rousse, grande nouveauté, résiste aux charmes d'OSS 117 et lui assène un discours de femme libérée.


Pour le reste, rien n'a vraiment changé. Jean Dujardin profite de toutes les situations pour les tourner en dérision, et y réussit. De rebondissements improbables en destinations hasardeuses, il interprète parfaitement le bon mot qui rend son personnage irrésistiblement antipathique et tellement drôle et attachant. Quelques pitreries, si elles impliquent d'autres que Jean Dujardin, sont néanmoins un peu longues et poussives; on hésite alors entre le rire et l'agacement.

Les personnages secondaires sont donc le point faible du film. Car, si OSS 117 est parfaitement incarné par Jean Dujardin, tout en mimiques et sourires irrésistibles, les autres paraissent bien fades auprès de lui. En témoigne cet Anglais rieur auquel une sudation excessive n'apporte pas grand chose de plus que d'en faire un personnage répugnant. Il y a aussi et surtout cette fameuse rouquine dont les jolies jambes, les jupes courtes et les bottes colorées n'arrivent pas à faire oublier le visage inexpressif. Son personnage aurait pu être mordant, agressé qu'il est dans sa condition de femme par l'horripilant OSS 117. Mais la jeune lieutenant-colonel se contente de réciter ses répliques féministes en ouvrant rondement les yeux, ce qui lui fait perdre sa crédibilité de femme blessée. Sa pauvre défense contre le sexisme est aussi mise à mal par son manque total de prises de décisions. Elle a beau déclamer qu'elle se débrouille aussi bien qu'un homme, elle se contente de suivre OSS 117, de le laisser la protéger des pistolets, et de se faire nourrir de fruits par un jeune hippie. Elle n'a ensuite pas de meilleure idée que de trouver un déguisement de soubrette comme couverture lors d'une soirée travestie. Comme femme libérée, elle manque un peu de charisme et d'emportement.

Un Jean Dujardin en grande forme, des personnages secondaires transparents; voilà qui offre un film banal, juste assez drôle pour passer un bon moment et se faire oublier dans la foulée. La réalisation quant à elle est plutôt sobre, classiquement efficace, singeant de ses splits-screens, bien faits, mais trop nombreux et trop longs, les années 60. Les flash-backs, hilarants par leur renversement dans le premier opus, ne sont ici que descriptifs et pas très originaux. Le même revient par trois fois; si la première séquence est narrativement indispensable, ses redondances paraissent médiocres, terriblement similaires et ralentissent le rythme général du film.

OSS 117 ne mérite pas son accroche "le monde a changé, pas lui"; trop identique, il ne surpasse pas Le Caire, nid d'espions.




OSS 117: Rio ne répond plus
de Michel Hazanavicius

avec Jean Dujardin, Louise Monot, Alex Lutz,...

sortie française: 15 avril 2009

3 comments:

aelx said...

Mais c'est que je suis encore carrément d'accord avec vous Serge !

LeJournaldeChrys said...

Je n'ai pas aimé le 1 et ne suis pas allée voir le 2. Peut-être que le 3??????

Fanny said...

Haha, mais il faut tout de même commencer par le début!