Larry Gopnik, professeur de physique, est juif et malchanceux. Toute la poisse du monde s'abat sur lui. Et pourtant, il tente d'être un homme bien, allant chercher conseil auprès de rabbins qui sauraient réorienter sa vie.
Ce qui va mal dans la vie de Larry, ce sont les autres: sa femme le quitte, pour un certain Sy condescendant; son fils fume et en oublie ses études et sa bar-mitzvah; sa fille tente d'avoir une vie sociale; son frère dort dans son canapé sans chercher de travail. Par-dessus le marché, des lettres anonymes dont le directeur de l'université lui fait part semblent compromettre sa titularisation, et un étudiant chinois tente de le corrompre pour ne pas perdre sa bourse. C'est un déluge de malheurs sur lesquels Larry n'a que peu de contrôle, mais, tentant de réconforter tout le monde, il en oublie de gérer les problèmes qui lui retombent sur le coin de la figure. Le ton aurait pu être tragique, le contexte sombre; mais on rit des problèmes de Larry. Sans s'en moquer non plus, mais l'avalanche de problèmes vire au grotesque et le diablotin qui s'acharne sur ce seul petit homme amuse follement le spectateur.
Du diable il est question, et du bon dieu aussi. Les frères Coen découpent leur film pour ouvrir trois chapitres différents, au cours desquels Larry s'approche peu à peu du rabbin le plus vieux, le plus sage aussi, en commençant par le plus juvénile, hilarant Simon Helberg, qui a décidément la tête de l'emploi. Le film regorge de jargon juif, parfois incompréhensible, mais dont la définition n'est pas indispensable pour saisir le comique de la situation. Ce n'est certainement un film sur la religion, mais celle-ci est présente et donne un éclat particulier à toutes les décisions de Larry, prises dans les meilleures intentions d'être un homme de foi et de bonté. Quelque dieu se soucie peu cependant des efforts désespérés de notre personnage, et, pas plus que les rabbins rencontrés, ne vient le secourir. Le sort ou le ciel continue à faire pleuvoir la mauvaise fortune, à la plus grande joie du spectateur.
J'ai beau adorer Fargo, The Big Lebowski ou No country for old men, tous les films des frères Coen ne m'emballent pas systématiquement, et leur humour peut parfois ne pas me toucher (Ladykillers, O'Brother, Burn afer reading...). Mais A serious man est réellement hilarant, et joue à merveille sur les clichés et la caricature, et reste raffiné malgré cela. Ce dernier opus est donc d'excellente facture. N'oublions pas de noter également le soin porté à l'affiche, excellente accroche graphique, et présentant ce personnage, banal, voire "pauvre type" avec ses pantalons taille haute, ses chemises rentrées et ses lunettes de professeur d'école... tel un Woody Allen dans ses meilleures années, au moins!
A serious man
de Joel & Ethan Coen
avec Michael Stuhlbarg, Sari Lennick, Richard Kind,...
sortie française: 20 janvier 2010