Aya vit à Yopougon, quartier excentré d'Abidjan en Côte d'Ivoire. Ses copines, Adjoua et Bintou, ne pensent qu'à sortir et rêvent de rencontrer un homme riche pour l'épouser et ouvrir, l'une un salon de coiffure, l'autre un salon de couture. Aya, elle, préfèrerait continuer ses études après le bac et devenir médecin.
Aya de Yopougon est adapté de la bande dessinée du même nom, écrite par Marguerite Abouet et dessinée par Clément Oubrerie. Les deux auteurs devenus réalisateurs n'ont pas vraiment osé - ou voulu - s'éloigner de leur œuvre de papier, et mon avis sur le film est donc extrêmement similaire à celui que j'ai eu sur la BD; et je pressentais même tout cela dès la séance de work in progress d'Annecy l'an passé.
Si vous avez lu la bande dessinée, vous retrouverez dans le film les mêmes cadres, les mêmes dessins, le même rythme très séquencé. Le film apporte en plus quelques clips typiques de la Côte d'Ivoire, publicités ou vieilles séries en live action, et les expressions particulières à Abidjan sont beaucoup plus rigolotes prononcées par les acteurs que lues et couchées sur le papier. A part cela, l'animation 2D minimale, si elle est agréable, a exactement le même rendu que la bande dessinée.
Du coup, ce que je reproche à la BD se retrouve aussi dans le film. Je n'ai pas accroché au premier tome et pas souhaité acheter les suivants. L'histoire d'Aya donne un aperçu complet, sans doute très véridique, quoiqu'en plus coloré et léger, de la vie et de l'avenir des jeunes filles en Côte d'Ivoire. Elles doivent gérer leurs frères et sœurs, se caser le plus vite possible pour devenir à leur tour des mères et se débarrasser elles aussi de leurs nombreux enfants; les pères boivent, les hommes sont dragueurs et les mères mènent leur baraque d'une main de fer. Aya souhaite casser ce cercle quelque peu vicieux. Malheureusement, le scénario se concentre sur ses copines plutôt que sur elle et ses ambitions.
Pour donner un aperçu le plus vaste possible de la vie près d'Abidjan, les séquences s'enchaînent; dans la BD, cela est rendu par de nombreux sketchs de quelques pages à peine. Dans le film, on manque cruellement de cohérence et on saute facilement du coq à l'âne. Le faible fil rouge réunissant tout cela est l'histoire de la grossesse et du mariage d'Adjoua. Où est notre soi-disant héroïne, qu'en sera-t-il de ses ambitions? La bande dessinée se déroulant sur 6 volumes, le film réunit les deux premiers. Doit-on s'attendre à une trilogie? Le scénario aurait sans doute mieux fait de balayer les histoires secondaires pour se concentrer sur la vie d'Aya. Au lieu de cela, collant case à case à la BD, le film n'apporte rien de nouveau; et la BD n'apportera rien non plus à ceux qui n'auront vu que le film. Plutôt que d'être complémentaires, les deux œuvres sont parfaitement redondantes.
Aya de Yopougon
de Marguerite Abouet & Clément Oubrerie
avec: Aïssa Maïga, Tella Kpomahou, Jacky Ido,...
sortie française: 17 juillet 2013
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