Robin Wright a fait des choix désastreux dans sa vie d'actrice, au profit de sa famille. Elle attend toujours des rôles de la grande firme hollywoodienne où elle a fait ses débuts, la Miramount, qui lui propose un contrat de la dernière chance: Robin Wright, la femme, doit accepter d'abandonner sa carrière, de toute manière depuis longtemps sur le déclin, pour laisser place à une autre Robin Wright, entièrement scannée, des pieds à la tête et avec toute sa palette de sentiments. Cette Robin Wright virtuelle rajeunira, jouera pour elle, et fera les bons choix, tandis que Robin, la vraie, pourra se consacrer entièrement à ses enfants. Vingt ans plus tard, le contrat arrive à expiration dans un monde où le virtuel est sur le point de prendre la place du monde réel.
Le congrès est une plongée au cœur d'un monde inquiétant, qui démarre sur une supposition de science-fiction: et si nous préférerions vivre dans nos rêves, plutôt que dans la réalité? Le processus devient possible? L''intérieur de la tête de chacun est suggéré par une animation rétro, colorée, sans queue ni tête - et on s'aperçoit que selon Ali Folman, une bonne partie de la population mondiale voudrait être Marilyn Monroe ou Elvis Presley. Si on plonge tête baissée dans cet univers incroyable, sans chercher le petit raccord, et la logique du cerveau humain, Le congrès devient une expérience sensorielle plus qu'aucun autre film. Ce film-là s'inscrit dans un genre à part; le genre de film qu'il faut vivre - et non regarder - de bout en bout pour en saisir tout le sens, et comprendre alors son début.
C'est d'ailleurs un peu pour ça que je construis ma petite critique en partant de sa conclusion. Le début du film est parsemé d'indices qui nous annoncent la folie qui va suivre. Quand on est dedans, on est parfois perdu; mais en y repensant, le film suit un seul et même chemin d'une presque implacable logique.
Le libre-arbitre est une valeur défendue par Robin Wright; ironiquement, elle se voit quasiment contrainte à abandonner la possibilité d'avoir le choix. Vingt ans plus tard, après avoir profité, peut-être - l'ellipse ne le dit pas - d'une certaine liberté - celle laissée par son clone virtuel qui travaille à sa place -, le retour de bâton la frappe. Elle a elle-même été pionnière dans la destruction totale du libre-arbitre. Le choc la laisse à l'hôpital, pendant vingt ans encore; quarante années donc après le début du film, Robin Wright se retrouve engluée dans des mondes virtuels.
Le monde virtuel est pourtant celui dans lequel se débattait, seul, le fils de Robin dans son enfance; la maladie d'Aaron l'empêchait de vivre au même rythme que les autres, dans le monde réel. Aaron, enfermé dans sa tête, vivait ses songes. Pour son fils, Robin cherchait des solutions, un remède... Pour finir, quarante après, par se perdre avec tout le monde dans la même cacophonie.
Seule solution pour comprendre mon avis aussi embrouillé, mais sans doute moins poétique que le film d'Ali Folman, aller se rendre compte soi-même en allant voir Le congrès de l'expérience cinématographique.
Seule solution pour comprendre mon avis aussi embrouillé, mais sans doute moins poétique que le film d'Ali Folman, aller se rendre compte soi-même en allant voir Le congrès de l'expérience cinématographique.
Le congrès
d'Ali Folman
avec: Robin Wright, Harvey Keitel, Kodi Smit-McPhee,...
sortie française: 03 juillet 2013
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