A Berlin où Lawrence vit avec Sasha, l'été est là. Et cet été, Sasha meurt brusquement, sans raison apparente. La famille, française, de Sasha entoure Lawrence. Un an après, à Paris, deux années plus tard, à New York, la douleur est toujours là, de Lawrence à Zoé, la sœur de Sasha.
Ce sentiment de l'été est un non-film : l'histoire commence dans la quiétude, l'élément déclencheur du scénario est une mort presque paisible : Sasha s'affaisse doucement sur l'herbe, après une journée satisfaisante, et sa famille prend ensuite les choses en main, dans une calme douleur. Ce qui suit, ce sont des impressions, une apparence de vie normale qui reprend son cours, en quelques jours, mois, années. Comment montrer ce qui se passe à l'intérieur, quand autour de soi, tout continue ?
Mikhaël Hers choisit les étés qui se succèdent, propices au relâchement, à la joie et à la douceur, à la vie en général. Ces moments d'été, à Berlin, Paris ou New York se ressemblent : tout le monde est dehors, les villes sont envahies de pelouses, on s'y balade les mains dans les poches, en t-shirt et une paire de sandales aux pieds. C'est un peu le reproche que je peux faire au film : malgré son absence totale d'énervement, il continue de véhiculer une image sérielle des trentenaires contemporains, libres, hipsters, un peu immatures et dévergondés. On est pourtant à mille lieux de Girls ou de Mistress America. Le sentiment de l'été ne revendique pas d'être le cliché de sa génération, mais, par la force des choses, décrit un univers très codifié dans lequel Lawrence continue à évoluer.
C'est tout ce qu'il a à faire, avancer, avec sa douleur cachée : autour de lui, la famille de Sasha, une amie, lui demandent comment il va. Avec le temps, plus personne ; tout le monde semble avoir passé le cap, mais pour Lawrence, le deuil n'est jamais total. Se nouent alors des liens avec Zoé, la sœur de Sasha, qui lui ressemble, se rend-il compte soudain. Et tout le scénario tient dans ces sentiments fragiles, quasi inexistants, bâtis sur la connaissance bien différente d'une même personne, partie. La relation de Lawrence et Zoé, parfois tendre, parfois belle, parfois obscène, joue sur peu de choses, et évolue comme une mauvaise graine... qu'il faut un jour arracher.
Le film parle de la vie, qui continue, autant que de la mort, sous le soleil, jamais morbide, pas franchement douce non plus, et surtout tenace.
Ce sentiment de l'été
de Mikhaël Hers
avec :
Anders Danielsen Lie,
Judith Chemla,
Marie Rivière,...
sortie le : 17 février 2016
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