Wednesday, March 2, 2016

Room, de Lenny Abrahamson

Joy et Jack sont enfermés dans une petite pièce d'où ils ne sortent jamais et où la lumière n'entre que par une fenêtre qui ne montre que le ciel. Le soleil, le vent, les animaux, n'existent pour Jack que sur l'écran de la télévision. Sa mère, elle, a connu l'extérieur de la pièce. Jack a 5 ans et Joy tente, encore, de lui permettre de vivre ailleurs.

Frank roulait avec son groupe sur les routes et fréquentait l'univers de la musique ; il était déjà pourtant lui aussi bien enfermé dans sa tête. La folie et le concret réunissent les deux films de Lenny Abrahamson. Le fou, c'est celui qui a enfermé Joy, depuis 7 ans, dans cette petite pièce. La démence la guette elle aussi, et peut-on affirmer que Jack est totalement sain dans cet univers fermé ? Le film ne fait pas un sujet de ces états, mais s'attache à montrer un quotidien aussi banal que possible. La normalité, pour Jack, est bien celle de cette pièce. Et Joy, même si elle sait que la vie est ailleurs, en dehors, doit aussi composer avec ce qu'elle a, et qu'elle a fini par accepter, après sept années.


La première partie du film, tournée entièrement entre quatre murs, construit très lentement la relation de la mère et du fils, donnant peu à peu l'idée de l'ampleur de ce confinement : plus les murs sont resserrés, plus les années passent, et plus grandit l'horreur de la situation. Les situations de petites joies et d'amour maternel alternent avec des crises et des tensions. L'attente et l'urgence alternent et prennent aux tripes plus fortement qu'un film d'horreur.


La seconde partie du film contre-balance avec énormément de justesse toutes ces minutes passées dans une seule pièce. Jack se retrouve catapulté dans un monde peuplé, vivant, tandis que Joy plonge dans le désarroi et la solitude, dans l'incapacité d'exprimer entièrement son ressenti. La mise en scène toujours proche de ces deux personnages, continue de les isoler dans des pièces trop grandes, au centre des attentions et des médias. Les silences ont autant d'importance que les paroles qui ne peuvent traduire sept années d'enfermement.


Lenny Abrahamson réussit un brillant mélange de terreur et de douceur, tandis que Brie Larson, mais aussi le jeune Jacob Tremblay s'exposent fragiles et sans hystérie.


Room
de Lenny Abrahamson
avec : Brie Larson, Jacob Tremblay, Joan Allen,...
sortie le : 9 mars 2016

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