Thursday, September 23, 2010

Une chinoise, de Xiaolu Guo

Li Mei s'ennuie dans son village en Chine. Comme l'indique le titre du premier chapitre, elle n'a jamais été plus loin qu'à huit petits kilomètres de chez elle. Il n'y a pas grand chose à faire là, à part se faire houspiller par sa mère qui confond ennui et paresse. Le petit ami de Li Mei, lui, travaille dans la ville la plus proche, il connaît des gens, il a un Ipod et un scooter rouge. Violée par un camionneur qui lui a toujours témoigné de l'affection, Li Mei part. D'ouvrière à prostituée, elle laisse un petit voyou la protéger. Une fois mort, au hasard des coups de couteau, elle prend son argent et va jusqu'à Londres où, une fois encore, elle traîne au gré du hasard et des protections masculines plus ou moins affectueuses.


Ce portrait, inspiré en large partie de la vie de la réalisatrice, montre avant tout différents aspects de la Chine d'aujourd'hui. Ville et campagne sont cependant pareillement décrites, mornes, tristes et sans intérêt. Les gens y travaillent, certains oublient leur vie terne dans le labeur, comme la mère de Li Mei, ou cet homme qu'elle rencontre, un bon parti, selon sa mère, et qui donne un vague sens à sa vie en prenant des photos de personnes prises dans des catastrophes naturelles. Les loisirs ne donnent pas de joie, les rencontres sont motivées par le hasard ou le sexe, et pas par la curiosité, les amitiés ne durent pas. De la Chine à l'Angleterre, Li Mei voit tout en sombre, à supposer qu'elle ne soit pas totalement aveugle. Londres se voit de près, le nez sur le mur sale, dans un réduit où les immigrants habitent, serrés les uns contre les autres. Pas de soleil ni ici ni là-bas.


Le portrait d'une jeunesse désœuvrée, pourquoi pas. Li Mei ne ressent pas grand chose, rien qu'un profond ennui. Et elle rêve de la ville et de l'argent qui y coule à flot. Alors pourquoi, une fois là-bas, le film reste-t-il dans le même ton? Comme si rien n'avait changé, que son trajet du matin, Li Mei s'emmerde toujours autant. Elle rêve de l'Europe et de Londres. Une fois là-bas, une scène, une seule, d'une euphorie en slow motion. Et à nouveau, Li Mei traîne ses baskets. Qu'est-ce qui la motive à rester? Qu'est-ce qui la pousse vers ce vieil homme aimable, attentionné, dépourvu d'arrières-pensées? Touché par le désœuvrement de Li Mei, il l'épouse, ne la touche pas, l'aide à apprendre l'anglais, ne l'oblige pas à travailler. La joie de vivre ne se réveille jamais chez la jeune fille, et, une nouvelle fois, elle se fait baiser, pour parler crûment. A vrai dire, que son corps soit baladé de mains en mains, cela n'excuse jamais son manque d'initiatives, ses errances sans but. Ni Li Mei, ni la réalisatrice ne prennent de parti et, sans histoire à raconter, le film n'a aucune force.


Au rythme d'une musique parfois assourdissante, qui étouffe la réflexion, cette Chinoise ne prend jamais son envol.


A noter avant le film, une drôle de publicité qui a fait s'esclaffer de surprise la salle:


Aidons l'argent
envoyé par ccfd. - L'info internationale vidéo.

La vidéo choque et fait rire, de surprise. Vous en pensez quoi? Plutôt osé, non? Lancée par une ONG française, cette campagne de sensibilisation et de mobilisation contre les paradis fiscaux n'a pas encore beaucoup fait parler d'elle. Espérons que son impact croît rapidement.



Une chinoise
de Xiaolu Guo
avec Lu Huang, Wei Yi Bo, Goeffrey Hutchings,...
sortie française: 8 septembre 2010

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