Jay ne travaille plus depuis huit mois. Sa femme l'adore mais n'en peut plus, voyant leur économies se réduire à zéro. Si Jay ne se ressaisit pas, adieu la jolie maison de banlieue, les dîners entre amis, le jacuzzi auquel Jay tient tant. Lors d'une soirée où ils rencontrent également la nouvelle petite amie du meilleure amie de Jay, ce dernier lui propose à mots couverts de reprendre le boulot. Mystérieusement, une liste de trois personnes est évoquée, ce qui semble facile après un job qui a mal tourné à Kiev.
La liste, évidemment et comme le titre du film l'indique, est bien celle d'hommes à abattre, et Jay et son ami Gal sont des tueurs à gages. Le début du film joue donc de cette connaissance du spectateur. On est aussitôt en attente d'armes à feu, de sang et de dangerosité. Mais Jay et Shen forment un couple d'une banalité à toute épreuve, très middle class. Un enfant qu'ils gâtent et adorent, un chat, un jardin, une maison de banlieue, et des disputes de couple dont leur quotidien. Jay se coupe en se rasant et a de jolies bouées d'amour, Shen aime lui concocter de bons petits plats mais s'inquiète que son mari ne reprenne pas du poil de la bête et le travail. Les disputes deviennent plus fréquentes, mais l'amour est toujours là... Quand il s'agit de réunir des amis autour d'un bon dîner, c'est Gal qu'ils invitent, le meilleur ami de toujours. Gal est un peu porté sur la boisson, et sa nouvelle petite copine est gentille, et pourrait faire partie de leur petit groupe.
Tout cela est d'une banalité à toute épreuve. Mais alors, cette liste, ces gens à tuer? Est-ce que Jay et Gal sont réellement des tueurs à gages? Le réalisateur se joue joliment de son spectateur, lui promettant des choses et le faisant patienter. Dans le quotidien décrit, la musique, oppressante, les gros plans, dramatisent ce qui reste passablement sans intérêt. Cette manière de jouer avec nos nerfs est bien maîtrisée, et amusante, si on sait saisir le sens de ce second ou troisième degré d'humour. Un humour un peu noir, grinçant, qui finit tout de même par tourner à l'horreur.
Et on comprend l'importance de cette installation de la banalité des personnages, pour mieux saisir la folie de Jay. En fond revient toujours ce drame de Kiev, qui s'est déroulé huit mois auparavant. On n'en saisira jamais les détails, mais le résultat est un Jay changé et à présent perturbé. La mission qui leur est donnée avec un sens du drame exagéré se déroule dans la même atmosphère de quotidien. Jay et Gal quittent leur maison cravatés et rasés de frais, comme pour un entretien, entrent dans des hôtels bas de gamme, comme des représentants de commerce. Leur job est celui de n'importe qui, ils sont comme tout le monde. Mais ils partagent un secret, et Jay, en plein "travail", montre un aspect de lui-même qui le détache définitivement du reste du monde.
On s'enfonce dans l'horreur et le malsain quand, non content de s'être joué du spectateur, le réalisateur fait basculer ses personnages de prédateurs à victimes. Je ne vais pas vous en dire plus, vous auriez peur de tout savoir. Mais la force du film est justement de jouer de tous les codes, de les déjouer ensuite, et l'expérience de spectateur, qui s'embarque dans ce drôle de jeu, qui se laisse manipuler et moquer, reste surprenante.
Et on comprend l'importance de cette installation de la banalité des personnages, pour mieux saisir la folie de Jay. En fond revient toujours ce drame de Kiev, qui s'est déroulé huit mois auparavant. On n'en saisira jamais les détails, mais le résultat est un Jay changé et à présent perturbé. La mission qui leur est donnée avec un sens du drame exagéré se déroule dans la même atmosphère de quotidien. Jay et Gal quittent leur maison cravatés et rasés de frais, comme pour un entretien, entrent dans des hôtels bas de gamme, comme des représentants de commerce. Leur job est celui de n'importe qui, ils sont comme tout le monde. Mais ils partagent un secret, et Jay, en plein "travail", montre un aspect de lui-même qui le détache définitivement du reste du monde.
On s'enfonce dans l'horreur et le malsain quand, non content de s'être joué du spectateur, le réalisateur fait basculer ses personnages de prédateurs à victimes. Je ne vais pas vous en dire plus, vous auriez peur de tout savoir. Mais la force du film est justement de jouer de tous les codes, de les déjouer ensuite, et l'expérience de spectateur, qui s'embarque dans ce drôle de jeu, qui se laisse manipuler et moquer, reste surprenante.
Kill list
de Ben Wheatley
avec: Neil Maskell, Michael Smiley, Myanna Buring,...
sortie française: 11 juillet 2012
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