Monsieur Oscar sort de ce qui semble être chez lui. Une limousine blanche l'attend, avec sa chauffeuse, Céline, et deux gardes du corps les suivent. Monsieur Oscar a neuf rendez-vous dans la journée. A chacun il se change, se grime, ressort de la limousine tour à tour mendiante, serpent, tueur, amant,… Quel est son métier et quel est son rôle?
Son rôle, effectivement, c'est celui qu'on lui donne. Monsieur Oscar pourrait être votre voisin, votre collègue ou votre boulangère. On ne comprend pas tout d'abord. A ses deux ou trois premiers rendez-vous, il semble ne rencontrer personne en particulier. Il est juste un personnage dans la société, mais ne discute pas, n'influence personne, joue simplement son rôle. J'ai été bien embêtée, avec les premiers trois quarts d'heure du film. Je me demandais, à quoi bon cette succession d'exercices de style? Comme le segment de Tokyo! dans lequel il donnait vie à Monsieur Merde, dans Holy Motors, à chaque rendez-vous, Monsieur Oscar, change de personnage principal, et le film change de style. Chaque segment est un court-métrage à lui seul. Ce n'est pas vraiment du long-métrage de cinéma, mais un jeu de réalisateur qui varie sa manière de filmer, et un jeu d'acteur malléable qui se laisse manipuler.
Quelques moments de grâce interrompent mon questionnement permanent sur le pourquoi d'un tel morcellement. Il me faut peu, et c'est pourtant beaucoup dû à une mise en scène éclatante de simplicité. Les pas de Monsieur Merde sur le bitume, un regard épuisé de Denis Lavant, un coup de volant protecteur de sa chauffeuse. Ces instants de cinéma me raccrochent au film. Et puis, au fur et à mesure que la nuit tombe sur la limousine, que les rendez-vous se succèdent, je décèle, imperceptible, une cohérence. Le fil rouge, c'est évidemment cet homme qui tient à faire ce métier absurde, celui d'acteur. Il fatigue, certains même, dit-on, n'y croient plus; lui, il évolue difficilement avec une technique toujours plus légère et dissimulée. Mais il continue à jouer. Et ce n'est plus vraiment Monsieur Oscar qui parle, mais peut-être Denis Lavant, ou tous les acteurs qui ont pu être dirigés par Leos Carax. On parle soudain non plus de fiction, mais d'un engagement à vie, d'un dévouement au cinéma.
La séquence d'introduction du film revient en mémoire. En pré-générique, Leos Carax sort de son sommeil et débarque dans une salle de cinéma où les spectateurs ont les yeux clos. Ce n'est qu'au bout des deux heures que dure Holy motors qu'on s'en souvient. Le sujet du film se révèle progressivement, de la même manière que cette scène d'introduction, qui signifie peu au début du film, prend son sens à la toute fin. La manière qu'a Leos Carax de ne pas se dévoiler d'un seul coup, son idée, tenace, qu'il distille gentiment, progressivement, pour ne pas brusquer le spectateur, est à l'image de sa maîtrise de réalisateur et à la hauteur de son ironie. Il donne son propos par petites touches, rend discrètement des hommages - avec le nom de ce blog, je ne pouvais pas rater Bertrand Cantat durant l'entracte - et termine sur une pirouette.
Vous vous souvenez de l'absurde et pompeux film de Cronenberg? En voilà un faux génie égaré. De nouveau, une limousine, un homme qui y respire, et cette question "où les limousines vont-elles pour dormir?". Cette fois-ci, la réponse est limpide.
Son rôle, effectivement, c'est celui qu'on lui donne. Monsieur Oscar pourrait être votre voisin, votre collègue ou votre boulangère. On ne comprend pas tout d'abord. A ses deux ou trois premiers rendez-vous, il semble ne rencontrer personne en particulier. Il est juste un personnage dans la société, mais ne discute pas, n'influence personne, joue simplement son rôle. J'ai été bien embêtée, avec les premiers trois quarts d'heure du film. Je me demandais, à quoi bon cette succession d'exercices de style? Comme le segment de Tokyo! dans lequel il donnait vie à Monsieur Merde, dans Holy Motors, à chaque rendez-vous, Monsieur Oscar, change de personnage principal, et le film change de style. Chaque segment est un court-métrage à lui seul. Ce n'est pas vraiment du long-métrage de cinéma, mais un jeu de réalisateur qui varie sa manière de filmer, et un jeu d'acteur malléable qui se laisse manipuler.
Quelques moments de grâce interrompent mon questionnement permanent sur le pourquoi d'un tel morcellement. Il me faut peu, et c'est pourtant beaucoup dû à une mise en scène éclatante de simplicité. Les pas de Monsieur Merde sur le bitume, un regard épuisé de Denis Lavant, un coup de volant protecteur de sa chauffeuse. Ces instants de cinéma me raccrochent au film. Et puis, au fur et à mesure que la nuit tombe sur la limousine, que les rendez-vous se succèdent, je décèle, imperceptible, une cohérence. Le fil rouge, c'est évidemment cet homme qui tient à faire ce métier absurde, celui d'acteur. Il fatigue, certains même, dit-on, n'y croient plus; lui, il évolue difficilement avec une technique toujours plus légère et dissimulée. Mais il continue à jouer. Et ce n'est plus vraiment Monsieur Oscar qui parle, mais peut-être Denis Lavant, ou tous les acteurs qui ont pu être dirigés par Leos Carax. On parle soudain non plus de fiction, mais d'un engagement à vie, d'un dévouement au cinéma.
La séquence d'introduction du film revient en mémoire. En pré-générique, Leos Carax sort de son sommeil et débarque dans une salle de cinéma où les spectateurs ont les yeux clos. Ce n'est qu'au bout des deux heures que dure Holy motors qu'on s'en souvient. Le sujet du film se révèle progressivement, de la même manière que cette scène d'introduction, qui signifie peu au début du film, prend son sens à la toute fin. La manière qu'a Leos Carax de ne pas se dévoiler d'un seul coup, son idée, tenace, qu'il distille gentiment, progressivement, pour ne pas brusquer le spectateur, est à l'image de sa maîtrise de réalisateur et à la hauteur de son ironie. Il donne son propos par petites touches, rend discrètement des hommages - avec le nom de ce blog, je ne pouvais pas rater Bertrand Cantat durant l'entracte - et termine sur une pirouette.
Vous vous souvenez de l'absurde et pompeux film de Cronenberg? En voilà un faux génie égaré. De nouveau, une limousine, un homme qui y respire, et cette question "où les limousines vont-elles pour dormir?". Cette fois-ci, la réponse est limpide.
Holy motors
de Leos Carax
avec: Denis Lavant, Edith Scob, Kylie Minogue,...
sortie française: 04 juillet 2012
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