Octave, trahi par sa maîtresse, tombe dans la débauche du Paris du XIXème siècle. S'il rit et semble s'amuser, en son for intérieur, il souffre cependant. Alors qu'il arrive trop tard au chevet de son père brusquement décédé, il s'installe dans la maison familiale. Il rencontre, lors de ses pérégrinations campagnardes, Brigitte, veuve, de quelques années son aînée. Auprès d'elle, il retombe amoureux.
La lecture du roman d'Alfred de Musset manque cruellement à ma culture, je l'avoue. Le livre aura, grâce à ce film, l'occasion d'être exporté en Angleterre, traduit et édité pour la première fois. Maintenant que les Anglais ont l'occasion de nous concurrencer sur la connaissance cette prose, il serait temps que je me rattrape... Bon, en attendant, voilà une adaptation cinématographique qui est semble-t-il fidèle, et qui a aussi conservé le verbiage de de Musset. En résulte donc un film bavard, qui mise sur la voix off mélancolique de son interprète principal, Peter Doherty.
Le chanteur devient acteur, mais reste avant tout lui-même. Je veux bien qu'il me lise des histoires; il a une voix sombre, au débit un peu haché, et où les mots parfois s'avalent sans se bousculer, juste gorgés de la lassitude qui entraîne ce fameux "mal du siècle", la débauche. Cependant, un film est fait pour être vu, et pas seulement entendu. L'abondance de voix off, sur jolies images en contrejour, est fatigante. Et Peter Doherty, s'il est sympa à écouter, n'est pas spécialement joli à regarder. Son regard de hibou ébahi, ses cheveux gras, semblent peu propices à déclencher les passions, surtout s'il s'agit de celles éprouvées par Lily Cole ou Charlotte Gainsbourg! Et ne me dites pas qu'à l'époque, le bain n'était pas de mise tous les jours... Charlotte Gainsbourg, elle, a les cheveux propres.
Peter Doherty est fidèle à lui-même donc, lassé du monde, déjà vieux avant l'âge, pétri de sa propre expérience. Octave reste de bout en bout fatigué de tout, de tous, de ses amis, qu'il méprise tout autant qu'il se méprise. Cela n'en fait pas un homme antipathique, juste apathique. Il s'interroge pourtant, et se remet en question, ce qui pourrait le rendre presque agréable. Mais, de bout en bout, il n'évolue pas, ne change pas. Tout comme Charlotte Gainsbourg, qui incarne Brigitte, les personnages peuvent entamer un mouvement vers un changement de destin... pour finalement rester peureusement attachés à leurs travers pourtant haïs.
Le mal du siècle qui transparaît n'est finalement ni la débauche sexuelle, ni l'intensité d'une passion, ni le sentiment amoureux... Il est le même que celui qui ronge actuellement notre monde, et c'est cette incapacité à se lancer dans le nouveau. On retrouve aujourd'hui cette peur débile, ce vertige qui, après les fanfaronnades ("je vais déménager à l'étranger! quitter mon job/ma femme/mon confort et tenter ma chance à la campagne/lancer mon entreprise/etc..."), nous plaque à notre quotidien... Le constat est juste. Du XIXème siècle aux années 2000, rien n'a changé.
Et du générique début jusqu'à la fin du film, c'est idem! Les personnages ne bougent pas, le rythme reste le même... 120 minutes lentes, dictées, lancinantes... ça manque de rebonds, on s'endort! Heureusement, Peter Doherty reprend son rôle de musicien au générique de fin, pour réveiller les plus fatigués et nous faire jaillir hors de la salle.
Confession d'un enfant du siècle
de Sylvie Verheyd
avec: Peter Doherty, Charlotte Gainsbourg, Lily Cole,...
sortie française: 29 août 2012
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