Fin de l'année, les vacances d'été sont enfin
là, des jeunes d'un quartier du Bronx récupèrent leurs portables,
interdits à l'école, et montent dans le bus. L'effervescence, d'abord,
les groupes, la joie, qui dérange les autres passagers. La chauffeuse du
bus, elle, reste impassible. A la fin du trajet, ils ne sont plus que
trois, puis deux... De bout en bout de la ligne, c'est New York qui se
dessine, une population entière et une jeunesse.
Impossible
de résumer ce film de Gondry, tant il part dans tous les sens. En
général, cela n'augure rien de bon pour moi, j'aime les pitchs simples
et les histoires qui mènent droit au but. Ici, pas d'histoire, mais la peinture d'une génération dans un lieu donné, et un contexte particulier. C'est du Bronx que ces jeunes sortent, et la population, d'une part, est mixée sans être tirée vers le haut. A l'image, sans doute, d'une ville de New York où les diversités sont les plus grandes, au-delà de Manhattan. Pas d'histoire de couleurs de peau ni d'origines, mais les accents d'une cité abrupte, les gestes qui se veulent puissants, la parole qui use de l'insulte et des images colorées sont là. Si des lycéens du XVIème arrondissement parisien avaient la langue aussi pendue, les conversations seraient cependant exactement les mêmes, les cris se confondraient également. Peu importe qu'on soit à Paris ou New York, que les personnages soient d'ici ou d'ailleurs, des lycéens en liberté estivale sont pareils, cachant leurs passions sous une façade bravache, plus forts en groupe et timides quand il s'agit de se dévoiler, en tête à tête.
Je trouve Gondry inégal. Je n'ai jamais réussi à m'imposer Human nature jusqu'au bout, j'adore Eternal sunshine of the spotless mind, mais reste dubitative à l'idée de revoir La science des rêves, je rigole bien et toujours autant avec Soyez sympas, rembobinez, mais je ne sais pas à quoi m'attendre pour L'Ecume des jours, le roman de Boris Vian que le réalisateur adapte et monte actuellement. Cette filmographie non exhaustive pour expliquer que je n'étais a priori pas forcément convaincue par ma séance de cinéma. On catalogue facilement Michel Gondry dans la case "bricoleur", l'idée étant que lui-même appliquerait ce que les héros de Soyez sympas, rembobinez font dans ce film, c'est-à-dire réaliser avec de tous petits moyens, de grands films. Michel Gondry n'est pas un bricoleur. Balancer des adolescents dans un espace confiné est déjà en soi un exploit à maîtriser. Il les laisse s'exprimer tout en gardant la main sur leurs histoires, entrecroise leurs babillages pour raconter un autre scénario dans le film; il oppose le groupe, puis l'individu, et termine en drame fictionnel ce qui pourrait ressembler à un documentaire. Alors oui, il y a quelques décors de carton-pâte, et des séquences où certains réalisateurs auraient préféré un bon FX à un costume de papier; mais le style Gondry n'est pas du laissez-aller, plutôt un véritable choix artistique et une réflexion en amont qui lui permet de se concentrer sur ses personnages et son histoire au lieu de gaspiller son temps dans d'inutiles cotillons cache-misère.
The we and the I est une réussite de Gondry, qui réunit le meilleur des films que j'ai apprécié du réalisateur, une immense fraîcheur, une envie de partage et une émotion maîtrisée.
The we and the I
de Michel Gondry
avec: Teresa Lynn, Michael Brodie, Laidychen Carrasco,...
sortie française: 12 septembre 2012
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