Un seul niveau pour chacune de ces deux expositions en ce moment au Jeu de Paume, le musée change sa scénographique pour une fois. Deux expositions à parcourir légèrement, en peu de temps donc. On prend une respiration, quand elles sont courtes, les expositions laissent le temps de flâner entre les images. Elles ne sont pas pour autant moins denses que d'habitude.
Manuel Alvarez Bravo possède un style identifiable et pourtant inqualifiable. Il faut dire que sur huit décennies de carrière, le nombre d'images produit ne peut être résumé à un seul adjectif. Du noir et blanc, c'est le point commun de la plupart de ces photographies, depuis les premières datant de la fin des années 20 jusqu'aux années 2000. L'exposition verbalise peu, mais regroupe l’œuvre sous divers titres, "voir", "apparaître", "rêver",... Même lorsqu'il photographie l'humain, Manuel Alvarez Bravo voit surtout l'objet, le corps en tant que chose, comme le mur ou la chaise. Il ne compose rien, ne rajoute pas de lumière. Rien n'est fait en studio, mais capté sur l'instant. On a l'impression de saisir le mouvement pourtant figé, de sentir les secondes s'écouler dans leur éternité stoppées.
Ses premières photographies sont abstraites, les dernières, plus figuratives. Mais toutes sont cinématographiques, intéressantes encore plus dans les limites de leur cadre que dans leur contenu. J'ai manqué d'informations cependant lors de l'information, notamment sur la finalité de ces images. Constituaient-elles un moyen de revenu pour Manuel Alvarez Bravo, un besoin artistique? Un peu de chronologie bêtement scolaire n'aurait pas fait de mal.
Rien à voir avec les travaux de Muntadas à l'étage. L'Espagnol est un performer. Ses œuvres répondent à des contextes précis de lieu et de temps. Les réunir sous un espace clos, alors qu'ils prennent généralement leur place dans la rue, à ciel ouvert, est curieux, et ne donne à voir qu'un infime morceau de sa réflexion. Il faut faire l'effort immense de re-contextualiser, de multiplier et d'étendre le geste artistique résumé et contenu. De telles performances n'ont pas leur place au musée, et j'y ai été peu sensible.
Cela dit, on se rend alors compte que le spectateur ne peut pas être passif face à l'art. Il doit s'investir pour comprendre, et tirer les enseignements de l'artiste. Le beau n'est pas l'objectif de Muntadas, clairement porté sur l'idée de faire reconnaître des problèmes de société à la société elle-même.
Manuel Alvarez Bravo, un photographe aux aguets
Muntadas. Entre / Between
au Jeu de Paume
jusqu'au 20 janvier 2013
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