En 1962, Alejandro Jodorowsky est un metteur en scène de théâtre adepte du mouvement surréaliste. Il décide de faire du cinéma. En 1970, El topo rencontre un immense succès et lance les midnight movies. Ravi de son succès et plus riche qu'avant, Jodorowsky réalise La montana sagrada. Séduit par le film, Michel Seydoux décide de produire le film suivant du réalisateur, et lui laisse carte blanche. Jodorowsky décide de réaliser Dune. Ce monument de la littérature de science-fiction, interprété par un réalisateur extravagant, séduit Moebius, les Pink Floyd, Dali,... mais en verra jamais le jour. Explications par Frank Pavich.
Fan du Dune de Frank Herbert depuis bien longtemps, toujours déçue par le visionnage de l'adaptation lynchienne, j'aurais beaucoup aimé voir naître Dune, par Jodorowsky. Evidemment, le réalisateur un peu taré n'aurait pas fait une version pour les puristes; il avoue d'ailleurs en rigolant qu'il n'avait même pas lu le bouquin, quand il a dit à Michel Seydoux qu'il voulait l'adapter. Suit une quête mystique, que Jodorowsky, en espagnol, anglais et français, et à grands renforts d'images et de gestes, explique à la caméra de Frank Pavich.
Jodorowsky se voit comme le Messie; et il cherche ses fidèles. Il convainct Jean Giraud, Moebius de son nom d'auteur de science-fiction. Les deux compères commencent à inventer un story-board aux dimensions pharaoniques. Jodorowsky va chercher, entre Los Angeles, Gruyère en Suisse, Londres, les Pink Floyd, Dali (qui, dans ses délires de grandeurs, souhaite être l'acteur le mieux payé au monde), refuse de travailler avec l'as des effets spéciaux de l'époque, oscarisé pour 2001, l'Odyssée de l'espace, Douglas Trumbull, pour finalemement travailler avec Dan O'Bannon,... L'équipe, réunie à Paris, invente un univers, dessine, toujours motivée par Jodorowsky extatique. Le propre fils de Jodorowsky s'entraîne 6h par jour au rôle de Paul en apprenant les arts mariaux. Le story-board est précis; les décors sont couchés sur papier, les costumes sont créés, tout est prêt... Et le film ne verra jamais le jour, par faute de financement. Jodorowsky est un réalisateur improbable, auquel les grands studios ne feront jamais confiance.
Quarante ans plus tard, Jodoroswky pétille toujours autant en racontant son Dune. Il sort de son bureau un des rares exemplaires de la bible, énorme bouquin qui réunit toutes les images du film, et montre avec fierté à Frank Pavich ce que lui aurait réalisé. Michel Seydoux raconte aussi, Chris Fosse et HR Giger montrent les mêmes regrets, la même passion qu'on sent prête à re-surgir... Nicolas Winding Refn, qui n'a rien à voir avec Dune, intervient aussi, et c'est la seule fausse note, pour dire qu'il a la chance d'être invité à dîner chez les Jodorowsky. Merci Nicolas.
Pour peu que vous aimiez un peu Dune, ce film jamais achevé, vous allez en rêver. A défaut de le voir réalisé, j'aimerais beaucoup mettre la main sur une de ces bibles réunissant artworks et story-board...
Jodorowsy's Dune
de Frank Pavich
sortie française: ? ? ?
sortie australienne: ? ? 2014
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