Il n'y a pas vraiment d'histoire, mais des morceaux de vie,
entre la ville et le désert. Leur tente est la seule à être restée
plantéee dans la région, et Kidane et Satima y passent le temps sans fracas, rêvant
à leurs vaches, gardées par le petit Issan, jouant de la musique et adorant
leur petite fille Toya. Même au beau milieu du désert sans frontières, ces nomades Touaregs subissent la présence des islamistes.
Ces derniers portent des pantalons coupés à la cheville,
interdisent en arabe, francais et dans la langue régionale, la musique, de voir les mains
des femmes, de trainer dans la rue, à un homme et une femme de se trouver
dans la même pièce,... Ils sont fans de football, mais interdisent de
jouer au ballon. Ils sont croyants mais n'interprètent pas les écrits
sacrés de la même manière que l'imam de Tombouctou. Sans autre explication que leurs
propres croyances, ils battent au fouet les dissidents ou les lapident;
prennent femme sans son accord ou celui de sa famille. Timbuktu est
l'histoire d'un quotidien paisible, perturbé jusqu'à la mort par des
rafales de demandes absurdes. Deux femmes, qui s'opposent aux
islamistes, l'une par fierté, l'autre par esprit pratique, sont, soit
considérées comme folles, soit emprisonnées.
Abderrahmane Sissako ne montre cependant pas les islamistes totalement noirs.
Il leur accorde, avec humour, des travers qu'eux-mêmes interdisent: ils
se cachent au milieu du désert pour fumer des cigarettes, sont moqués car ils ne savent pas condurie,... De la
souffrance naissent l'humour et une grande poésie, dans un décor
superbe, vide et sec, sauvage. Décor libre, au sein duquel les demandes des jihadistes apparaissent d'autant plus vaines, et destructrices.
Timbuktu est le genre de docu-fiction qui s'approche le plus de la géniale cinématographie. Une réalisation délicate et instructive.
Timbuktu
d'Abderrahmane Sissako
avec: Abel Jafri, Pino, Toulou Kiki,...
sortie française: 10 décembre 2014
sortie australienne:
No comments:
Post a Comment