Tuesday, July 27, 2010

Lluvia, de Paula Hernandez

La pluie tombe sans discontinuer sur Buenos Aires, noircit le ciel, interrompt le traffic routier sur la ville, stoppe les allers et retours incessants des travailleurs. Dans sa voiture, coincée sous un pont, Alma attend patiemment. Il semblerait que toute sa vie soit contenue dans le coffre de sa voiture, elle pourrait y passer ses jours et ses nuits, elle patiente donc. Roberto vient d'on ne sait où, terrifié, et reste là un instant. Passé le premier moment de frayeur, Alma et Roberto osent quelques paroles, elle le raccompagne à son hôtel. Sentant mutuellement leur désespoir, ils se recroisent sous la pluie, pendant trois jours, apprennent à se connaître, et, coupés du reste du monde, font le point sur leurs vies.


 



On se trouve donc dans un huis-clos forcé par la pluie, bien souvent dans l'étroit espace de la voiture d'Alma, réunissant deux âmes esseulées. La ville est autour d'eux, large et sombre, mais ne semble ni oppressante par son immensité, ni vertigineuse de vide. Elle est là, tout simplement, décor intemporel et reconnaissable entre mille: une ville, emplie de solitudes qui cohabitent sans forcément se connaître. Dans cet espace, une bulle se crée joliment autour de ces deux inconnus. Surpris l'un par l'autre, étonnés de retrouver dans leurs yeux les mêmes doutes, ils prennent le temps de se regarder et de se découvrir. La réalisatrice les définit comme égarés au même carrefour: lui ne sait pas d'où il vient, elle ne sait pas où elle va. Leur lien, ténu, est le fil rouge du film.


Deux heures sont de trop pour une rencontre de trois jours. Paula Hernandez semble malheureusement hésitante, peu sûre d'elle ni de son message; le rythme prend le temps de souligner chaque passage, quitte à en faire trop dans l'introspection, et perd le spectateur qui glisse dans une douce torpeur. Il y a pourtant de jolies mises en scène, gâchées par des flous brutaux. L'attraction qui amène Alma et Roberto à se voir et se livrer de mieux en mieux est également tendre et très crédible: ils s'approchent par la peur et par la colère, s'apprivoisent autour de conversations banales et sans fond, glissent doucement vers la confidence, sans jamais se livrer entièrement non plus, conservant ainsi une pudeur délicate. Les mots, puis les corps, les unissent dans une intimité que de vieux amis ne pourraient pas connaître. Cette paix qu'ils cherchent ensemble avant de regagner leurs vies respectives, fait de leur rencontre une parenthèse étonnante, filmée avec beaucoup de soin.


Il ne faut pas se leurrer non plus, la flânerie prend un peu l'eau, trop lente et contemplative. Ces deux  heures de film sont douces, mais pas mémorables.


Lluvia
de Paula Hernandez
avec Valeria Bertuccelli, Ernesto Alterio,...
sortie française: 21 juillet 2010

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