Dans un futur proche, tout le monde a l'opportunité de se faire greffer un organe défaillant, sans attendre la mort d'un autre humain pour continuer à vivre: les artifrogs sont des organes artificiels cependant coûteux. Le commerce, très lucratif, de la compagnie Union, repose sur l'incapacité des patients à rembourser le prêt qu'ils contractent. L'échéance des remboursements arrivée, les repo men entrent en jeu, interviennent et récupère l'organe greffé, provoquant assez inévitablement la mort du patient. Rémy et Jake sont des meilleurs. Rémy envisage toutefois de passer vendeur, pour avoir des horaires décents et passer du temps auprès de sa femme et de son fils. Jake le convainc qu'une dernière mission pourrait conclure de manière grandiose sa carrière... En effet, Rémy est victime d'un simple défaut de ses instruments; à la suite d'un arrêt cardiaque, il se réveille avec un cœur de chez Union... Le remboursement aurait pu être simple; mais Rémy n'a plus la force de travailler comme autrefois. L'échéance tombe, et Rémy, de prédateur, se transforme en proie pour ses anciens collègues.
Les critiques ont accueilli plutôt froidement ce film d'un parfait inconnu, imposé aux scénaristes par la productrice. Miguel Sapochnik n'avait jusque là réalisé que des clips et des courts-métrages. Il s'en sort plutôt bien, aidé par un scénario solide et qui laisse la part belle à de surprenants retournements de situation; les deux acteurs principaux du film, Jude Law et Forest Whitaker, aident aussi ce jeune réalisateur à tirer son épingle du jeu. Peut-être les critiques ont-ils trouvé à redire à cette histoire de science-ficion pas révolutionnaire, quoique bien ficelée; peut-être ont-ils trouvé que la performance des interprètes suffisait juste à retranscrire leur talent; peut-être est ce que je m'emballe facilement pour de la bonne science-fiction, et pour les beaux yeux de Fores Whitaker (oui, je suis une grande fan); en tous les cas, je ne crois pas que le film ait eu suffisamment de reconnaissance, au vu des seulement 33 salles dans lesquels il a été distribué en France.
Cette histoire de membres artificiels greffés n'est certainement une nouveauté dans le monde de la science-fiction; le genre regorge de manipulations génétiques, de biotechnologie et de cyborgs. Cependant, au-delà du progrès technique et médical, l'auteur et scénariste Eric Garcia dénonce avec ironie un système bancaire, dont les intérêts sont plus financiers que médicaux. Peu importe à Union que les patients vivent ou meurent; le principal étant qu'ils signent une reconnaissance de dette, et qu'ils paient, ou rendent la technologie qui les a aidé à survivre quelques mois supplémentaires. Cynique, le grand patron de cette société tend avec bienveillance le stylo à ses futurs débiteurs, en leur conseillant de penser à l'avenir des leurs... Tout en sachant parfaitement que cet avenir, dès lors qu'ils auront apposé leur signature en bas du contrat, sera compté. Ce n'est plus de la science-fiction, mais une critique très actuelle de l'économie en général.
De la science-fiction, il y en a évidemment. Malgré cela, le monde du futur n'est pas trop irréaliste, inspiré de Toronto croisée avec une ville asiatique. Le résultat est juste suffisamment novateur pour ressembler au futur, tout en gardant des traces de nos villes contemporaines. C'est vers la fin du film que l'on touche réellement du doigt un décor vraiment grandiose, dans une usine d'artifrogs à la blancheur immaculée, où les ouvriers, vêtus de blanc, visage caché, avec leurs gestes minutieux et leur silence dévoué, ressemblent à des clones et offrent une vision surréaliste de la modernité. Dans cette usine, siège de la compagnie Union, les couloirs gris débouchent sur une incroyable "porte rose", indiquée comme telle par de petits panneaux indicateurs, porte qui s'ouvre sur le cœur des fichiers de la société. Ce noyau de la maison-mère abrite alors le fameux ordinateur surpuissant qui, telle une reine fourmi, a le contrôle sur tous ses sujets. A nouveau, la vision kafkaïenne du futur de Miguel Sapochnik y trouve son moyen d'expression, dans une incroyable danse macabre/opération chirurgicale/acte sexuel multi-orgasmique.
La fin du film offre une bonne demi-heure de surprises et de coups de théâtre. La scène à ne pas manquer est celle d'un combat prodigieux, chorégraphié par Hiro Koda. Je ne peux pas en dire plus. Évidemment, l'heure et demi qui précède ces twists a aussi son charme. Jude Law tient bien son rôle, chirurgien sans cœur pour qui "A job's a job" et qui ponctue de musique pop rock chacune de ses interventions. Son passé est aussi lentement révélé, témoignant de l'attention portée aux personnages de la part des scénaristes. Repo men n'est pas un film d'action qui se satisfait uniquement de bonnes bagarres. Côté bagarreur justement, Forest Whitaker prouve une nouvelle fois qu'il sait tout jouer, et que sa force physique sait aussi se teinter de sentiments - brutaux, dans le cas de son personnage, mais l'émotion est tout de même là. Le personnage d'Alice Braga, mignonnette qui doit faire son apparition dans tout bon film d'action, est un peu fade, mais pas désagréable. Son physique pas trop conventionnel - comprenez qu'elle ne fait pas 1m75, ni un 90C - joue en sa faveur: elle réussit à éviter à son rôle le cliché de la godiche un peu chiante.
Miguel Spochnik est donc éventuellement le type à suivre; et son premier long-métrage est à voir, faisant fi des critiques négatives qui l'ont accueilli.
Les critiques ont accueilli plutôt froidement ce film d'un parfait inconnu, imposé aux scénaristes par la productrice. Miguel Sapochnik n'avait jusque là réalisé que des clips et des courts-métrages. Il s'en sort plutôt bien, aidé par un scénario solide et qui laisse la part belle à de surprenants retournements de situation; les deux acteurs principaux du film, Jude Law et Forest Whitaker, aident aussi ce jeune réalisateur à tirer son épingle du jeu. Peut-être les critiques ont-ils trouvé à redire à cette histoire de science-ficion pas révolutionnaire, quoique bien ficelée; peut-être ont-ils trouvé que la performance des interprètes suffisait juste à retranscrire leur talent; peut-être est ce que je m'emballe facilement pour de la bonne science-fiction, et pour les beaux yeux de Fores Whitaker (oui, je suis une grande fan); en tous les cas, je ne crois pas que le film ait eu suffisamment de reconnaissance, au vu des seulement 33 salles dans lesquels il a été distribué en France.
Cette histoire de membres artificiels greffés n'est certainement une nouveauté dans le monde de la science-fiction; le genre regorge de manipulations génétiques, de biotechnologie et de cyborgs. Cependant, au-delà du progrès technique et médical, l'auteur et scénariste Eric Garcia dénonce avec ironie un système bancaire, dont les intérêts sont plus financiers que médicaux. Peu importe à Union que les patients vivent ou meurent; le principal étant qu'ils signent une reconnaissance de dette, et qu'ils paient, ou rendent la technologie qui les a aidé à survivre quelques mois supplémentaires. Cynique, le grand patron de cette société tend avec bienveillance le stylo à ses futurs débiteurs, en leur conseillant de penser à l'avenir des leurs... Tout en sachant parfaitement que cet avenir, dès lors qu'ils auront apposé leur signature en bas du contrat, sera compté. Ce n'est plus de la science-fiction, mais une critique très actuelle de l'économie en général.
De la science-fiction, il y en a évidemment. Malgré cela, le monde du futur n'est pas trop irréaliste, inspiré de Toronto croisée avec une ville asiatique. Le résultat est juste suffisamment novateur pour ressembler au futur, tout en gardant des traces de nos villes contemporaines. C'est vers la fin du film que l'on touche réellement du doigt un décor vraiment grandiose, dans une usine d'artifrogs à la blancheur immaculée, où les ouvriers, vêtus de blanc, visage caché, avec leurs gestes minutieux et leur silence dévoué, ressemblent à des clones et offrent une vision surréaliste de la modernité. Dans cette usine, siège de la compagnie Union, les couloirs gris débouchent sur une incroyable "porte rose", indiquée comme telle par de petits panneaux indicateurs, porte qui s'ouvre sur le cœur des fichiers de la société. Ce noyau de la maison-mère abrite alors le fameux ordinateur surpuissant qui, telle une reine fourmi, a le contrôle sur tous ses sujets. A nouveau, la vision kafkaïenne du futur de Miguel Sapochnik y trouve son moyen d'expression, dans une incroyable danse macabre/opération chirurgicale/acte sexuel multi-orgasmique.
La fin du film offre une bonne demi-heure de surprises et de coups de théâtre. La scène à ne pas manquer est celle d'un combat prodigieux, chorégraphié par Hiro Koda. Je ne peux pas en dire plus. Évidemment, l'heure et demi qui précède ces twists a aussi son charme. Jude Law tient bien son rôle, chirurgien sans cœur pour qui "A job's a job" et qui ponctue de musique pop rock chacune de ses interventions. Son passé est aussi lentement révélé, témoignant de l'attention portée aux personnages de la part des scénaristes. Repo men n'est pas un film d'action qui se satisfait uniquement de bonnes bagarres. Côté bagarreur justement, Forest Whitaker prouve une nouvelle fois qu'il sait tout jouer, et que sa force physique sait aussi se teinter de sentiments - brutaux, dans le cas de son personnage, mais l'émotion est tout de même là. Le personnage d'Alice Braga, mignonnette qui doit faire son apparition dans tout bon film d'action, est un peu fade, mais pas désagréable. Son physique pas trop conventionnel - comprenez qu'elle ne fait pas 1m75, ni un 90C - joue en sa faveur: elle réussit à éviter à son rôle le cliché de la godiche un peu chiante.
Miguel Spochnik est donc éventuellement le type à suivre; et son premier long-métrage est à voir, faisant fi des critiques négatives qui l'ont accueilli.
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