Jeannie fugue. Elle a quinze ans et demi, et dans un contexte social new-yorkais/hippie qui s'oppose à son milieu bourgeois/chic/surprotégé, elle tente de découvrir autre chose par ses propres expériences. Ses parents sont morts d'inquiétude, dépassés par les évènements; ils n'ont pas vu leur petite fille grandir, ni la société changer autour d'eux. En cherchant Jeannie, dans les rues de New York, au hasard des bars et des verres de scotch, ils découvrent cette jeunesse qui vit plus vite que leur génération, et essaient, avec leurs moyens d'adultes, de la comprendre.
Et bien oui, 1971... Le mois de juillet 2010 étant ce qu'il est niveau sorties ciné, on se rattrape sur des films moins récents, et qui valent le coup. Oui, je sais, il y a Inception aussi, mais j'attends des Scudeurs en vacances pour une sortie de groupe. Milos Forman donc. L'image est passée, le son strident, la caméra ne s'embarrasse pas d'effets inutiles, le cut est de mise. C'est rafraîchissant, et ça semble novateur, encore aujourd'hui. En effet, si un réalisateur tentait demain de travailler sans effets spéciaux, sans grue de quinze mètres, sans HD, sans chichi quoi, peut-être bien qu'on crierait au génie. Vous allez me dire, il y a la DV, mais enfin, Le Projet Blair Witch, je classe ne classe pas ça dans la section cinéma. Bref, on saute souvent du coq à l'âne, mais avec humour, et le son, bien souvent, lie les deux scènes. Efficace.
Le scénario, qui suit les parents de Jeannie à la recherche de leur fille, est en effet entrecoupé de séances de casting pour une improbable comédie musicale qui cherche sa star féminine parmi des centaines de jeunes filles. En plan rapproché, ces débutantes plus ou moins jolies, plus ou moins talentueuses, chantent en s'accompagnant le plus souvent à la guitare. C'est là qu'on aperçoit le rêve de Jeannie, les raisons de sa fugues: un jeune musicien portant les cheveux longs, une ribambelle de gamines effrontées, expérimentées, qui connaissent les drogues, la liberté. Ces séquences sont cependant brèves. A l'opposé des teen-movies américains, ce n'est pas l'apprentissage de Jeannie qui motive le film de Milos Forman. Il prend le contrepied, et s'attache aux pas des parents. On découvre le New York des années 70 via leur regard un peu perdu.
Et c'est bien là que réside toute la drôlerie du film: les parents, utilisant de leurs moyens adultes pour comprendre leurs enfants, se rassemblent en associations; testent ensemble, sous l'œil farceur d'un professeur ès marijuana, les bienfaits d'un joint. Omnibulés par les déboires de leurs enfants, loin de leur main protectrice, ils s'abandonnent à leurs propres drogues: sexe débridé et alcool font apparaître les plus jeunes, supposés débauchés, comme de pâles colombes à côté d'eux. Milos Forman manipule les caricatures, les retourne. On retiendra la scène du dîner de présentation du petit ami aux parents de Jeannie. Le jeune musicien, d'apparence hippie, forcément forniqueur et drogué, aux cheveux longs, affiche un salaire décent; analyse finement sa propre hypocrisie; et ne se cache pas qu'il lui faudra un jour retourner sa chemise pour enfiler un veston et une cravate par-dessus...
Milos Forman réussit donc dans ce film une triple équation: celle de faire rire et de divertir; celle de représenter avec finesse le New York des années 70; celle d'ouvrir un œil critique sur le fameux fossé entre les générations. Certains réalisateurs des années 2010 devraient en prendre de la graine; finalement, nos aînés ne sont pas tous des vieux cons.
Et c'est bien là que réside toute la drôlerie du film: les parents, utilisant de leurs moyens adultes pour comprendre leurs enfants, se rassemblent en associations; testent ensemble, sous l'œil farceur d'un professeur ès marijuana, les bienfaits d'un joint. Omnibulés par les déboires de leurs enfants, loin de leur main protectrice, ils s'abandonnent à leurs propres drogues: sexe débridé et alcool font apparaître les plus jeunes, supposés débauchés, comme de pâles colombes à côté d'eux. Milos Forman manipule les caricatures, les retourne. On retiendra la scène du dîner de présentation du petit ami aux parents de Jeannie. Le jeune musicien, d'apparence hippie, forcément forniqueur et drogué, aux cheveux longs, affiche un salaire décent; analyse finement sa propre hypocrisie; et ne se cache pas qu'il lui faudra un jour retourner sa chemise pour enfiler un veston et une cravate par-dessus...
Milos Forman réussit donc dans ce film une triple équation: celle de faire rire et de divertir; celle de représenter avec finesse le New York des années 70; celle d'ouvrir un œil critique sur le fameux fossé entre les générations. Certains réalisateurs des années 2010 devraient en prendre de la graine; finalement, nos aînés ne sont pas tous des vieux cons.
Taking off
de Milos Forman
avec Lynn Carlin, Buck Henry, Paul Benedict,...
sortie française: mai 1971 (copie restaurée: 14 juillet 2010)
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