Wednesday, June 8, 2011

Annecy 2011 - Jour 2

Deuxième jour à Annecy, et pas mal de séances...



WIP Eva de la Argentina, de Maria Seoane
Ce Work in progress n'accueillait qu'une seule personne, Maria Laura Rodriguez, productrice au département animation d'Illusions studios, car tout le reste de l'équipe était resté sur place, en Argentine, à travailler dur... Voilà qui résume le projet d'Eva de la Argentina, un petit budget, et très peu de temps, qui ont joué sur les choix artistiques. Maria Seoane a conçu son script en dix années avant de le présenter. Illusions Studios a récupéré son animatique et, en moins d'un an, remplit le challenge de le transformer en long-métrage. La production est intéressante, d'une part par ce manque de temps qui décide de l'utilisation de la photographie dans les décors; par son ambition politique – le film retrace la vie tumultueuse d'Eva Peron – qui en fait un film pour adulte; et par son aspect documentaire, qui inclue des images d'archives dans le film. Nous avons eu une assez bonne vision du process, depuis l'originale manière de trouver les personnages – chaque dessinateur en produit des brouillons de sa vision, puis chaque élément positif de tous ces dessins sont réunis pour trouver l'image finale – jusqu'à cette construction de décors à partir de photographique, jusqu'à une animation et un compositing simplifiés pour des raisons de temps et de budget. Ces contraintes techniques donnent une image particulière à un projet intéressant. Reste que notre intervenant Laurent Valière, journaliste à France Inter, dans son franglais, avait du mal à faire parler une vénézuélienne pas forcément très à l'aise non plus. La conférence était donc menée lentement. Dommage.

Le chat du rabbin, de Joann Sfar et Antoine Delesvaux

J'ai déjà parlé de mon désamour pour Joann Sfar, qui prouve une fois de plus qu'i l ne peut s'empêcher de se mettre en avant, en adaptant sa propre bande dessinée, avec un personnage qui possède son nom et qui inclut un personnage dessinateur qui possède son style... On lui pardonne, car son talent est tout de même vertigineux. Le chat du rabbin met en scène un chat, qui, après avoir avalé un perroquet, a l'usage de la parole; son maître le rabbin ne s'en étonne pas plus que cela et entame un questionnement sur la religion avec son chat; le chat, lui, se partage entre son effronterie à l'égard du judaïsme, et son amour pour la fille du rabbin, sa maîtresse, qu'il aime plus que tout. De papotages en miaulements, de l'Orient à l'Afrique, Le chat du rabbin nous entraîne sur le chemin des différences, du partage, et de l'amour. Joann Sfar réussit, avec l'aide, à la réalisation, d'Antoine Delesvaux, un film osé, où le relief ne joue qu'un petit rôle agréable à l'œil sans nous sauter au visage, et dont la technique au trait, façon Sfar, se distingue parmi l'avalanche de 3D dont les Etats-Unis nous inondent. Dans ces dessins tremblants, on retrouve l'extraordinaire productivité de Joann Sfar. Le propos est religieux et terriblement athée, le bavardage constant mais les dialogues si ciselés que ce n'est pas un tort. Le chat du rabbin est donc une excellente production, qu'il fait bon voir en France.

Charlot, de Cyril Adam et Julien Charles (Method Animation)

Un masterclass sur une série qui met en scène Charlie Chaplin m'a plutôt emballée. J'ai beau connaître le projet, travaillant là où la série est produite, j'ai été encore étonnée par l'investissement des initiateurs du projet. Charlot est une série où tout, artistiquement parlant, a été pensé pour garder l'esprit Chaplin, depuis sa troupe de théâtre, réunissant les mêmes acteurs sous différents rôles, à son côté vagadond qu'on retrouve dans sa maison de bric et de broc et ambulante, jusqu'à ce personnage de marionnette, malléable et comique dans sa gestuelle si caractéristique. Les ambitions sont fortes, le pari audacieux, et le challenge... plutôt réussi. D'ici la fin de l'année sur Fr3.




The prodigies, d'Antoine Charreyron

Voilà encore une séance un peu corporate, et rassurante sur l'esprit régnant dans le studio où je travaille. The prodigies est le long-métrage d'un passionné, qui rassemble tout ce qu'il aime dans un film audacieux au design jeu vidéo. Le scénario, qui tire vers la science-fiction et le comic américain, tient la route: certains enfants semblent posséder des pouvoirs, tout comme Jimbo, qui a grandi seul avec son secret. A présent, il tente de protéger et de rassembler ceux qui lui ressemblent. Il se heurte à un problème financier, car son mentor, en mourant, laisse sa société aux mains de sa fille, qui n'a pas de bons rapports avec Jimbo, dont elle jalouse l'amour de son père défunt. On mixe intelligemment le rapport social entre les personnages, tout en avançant rapidement dans des actions percutantes et profondément ancrée dans l'imaginaire super-héros. Un peu confus par moments, le film pêche par un certain manque de moyens sur certaines scènes. Mais l'esthétique et le propos sont suffisamment puissants et originaux pour autant dénoter, dans un autre style, que Le chat du rabbin de Joann Sfar. Voilà un film qui met en avant le talent créatif d'un réalisateur à l'univers fort et personnel.

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