Thursday, June 16, 2011

Brassens ou la liberté, à la Cité de la musique

Georges Brassens, mort avant ma naissance, et pas spécialement écouté par mes parents, n'a pas bercé mon enfance, même si, bien entendu, ses chansons les plus célèbres font partie d'une certaine culture générale acquise je ne sais trop comment. L'exposition qui lui est consacrée cet été à La cité de la musique est donc l'occasion de découvrir ce personnage; mais possède également l'attrait d'avoir été mise en scène par Joann Sfar, réalisateur, dessinateur, dont le talent n'a d'égal que l'enflure de ses chevilles. Il m'intéressait donc tout autant d'en apprendre sur une figure de la chanson française que de découvrir un autre pan du travail de Joann Sfar.



L'exposition en elle-même reste assez basique, retraçant le chemin suivi par Georges Brassens de l'enfance au succès, des planches de petits bars jusqu'aux grandes scènes françaises, de la gloire au décès. On avance donc dans une parfaite chronologie, qui recoupe également par thèmes la vie de Brassens; à vrai dire, je ne connaissais même pas ses revendications libertaires, tant dans sa vie sentimentale que sur le plan politique; sa famille d'amis y possède une grande importance, et le suit tout au long de sa carrière, le lançant sur les planches au début, soutenant sa grande timidité, et l'encourageant encore alors qu'il fait des tournées européennes.


J'ai adoré l'abondance des écrits de Brassens, ses lettres, courriers reçus et envoyés, son écriture ronde sur ses cahiers d'écoliers, ses notes prises tout du long de sa vie, que ce soit des pensées ou des textes à chanter. Les dessous de la création m'intéressent plus que les habituelles photos de copains, de stars et les guitares inanimées qui gisent derrière leurs vitrines. On entend tout au long du parcours également des extraits de chansons, connues et moins connues, qui nous plongent dans l'univers Brassens; il est également fort agréable de découvrir le chanteur sur scène, car, au vu de mon trop jeune âge, je n'ai jamais eu la chance de le voir.

La scénographie, c'est du made by Sfar. Ludique, absolument géniale pour les enfants qui se perdent dans une forêt d'arbres peints, suivent les aventures des enfants de Sfar qui se revendiquent maîtres des lieux, décrochent les téléphones pour entendre interviews et chansons, petites phrases et réflexions... autant pour les adultes plongés dans un monde imagé et profond, au second degré palpable. Du Sfar, il y en a dans toutes les salles, par ce décor gigantesque et cinématographique qu'il a créé, et par ses illustrations abondantes inspirées par la vie de Brassens. Mégalo, certainement, mais talentueux, aussi, il réussit à impliquer le visiteur dans sa balade pédagogique et à le faire jouer avec les cadres, tourner autour des vitrines, pianoter comme un gosse sur un vieux téléphone jaune.


L'exposition se termine au sous-sol, avec une longue salle et des pages de bande-dessinée par Sfar; elle décrit le processus de travail de scénographe; à la fois drôle, détachée, car elle met en scène deux enfants qui décident de faire le travail de leur papa obsédé par ses jeux vidéos et incapable de répondre à la demande de La Cité de la Musique, en allant chercher les documentations nécessaires à la mise en scène d'une exposition, cette petite bande-dessinées prouve à nouveau la grande estime qu'a Sfar pour lui-même, mettant en avant son travail de recherche. On retrouve les thèmes qui lui sont chers, à lui et non à Brassens: la religion, le sexe, l'innocence. Mais, une nouvelle fois, malgré ce melon énorme, il faut bien reconnaître que le travail abattu est phénoménal et formidablement réussi.


La dernière pièce où errent peu de visiteurs possède une petite estrade, une guitare d'enfant, des documents informatisés. Définitivement tournée vers le jeune public, l'exposition Brassens réussit à communiquer à la jeune génération le poids d'un passé adoré des quarantenaires.



Brassens ou la liberté
jusqu'au 21 août 2011

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