Monday, July 11, 2011

Ni à vendre, ni à louer, de Pascal Rabaté

Le bord de mer français, dans un bled perdu, voit se croiser des pairs étranges, pas tout à fait fantastiques, mais absurdes. Certaines pourchassent des cerfs-volants, d'autres s'attachent aux barreaux du lit, d'autres se retrouvent, le temps d'un weekend, dans des campings improvisés mais tout confort; des punks à chiens s'aiment d'un amour fou, des couples s'éloignent et se retrouvent, découvrent la passion, ou s'amusent à embêter les autres, par pure amitié; on boit de l'eau bénite, des bières à la paille, du vin rosé dans des fonds de bouteille.


Ni à vendre, ni à louer, est une série de saynètes qui s'entrecroisent plus ou moins sous le même ciel de campagne. Voilà cette fois-ci un vrai film tourné en images réels, avec des acteurs en chair et en os; et pourtant, cette réalisation, d'un ancien dessinateur de bande-dessinée, à tout d'un cartoon. La campagne et le bord de mer qui servent de cadre au film, est colorée, vide et spacieuse, et jonchée de détails visuels croustillants; mis en évidence assez discrètement, tout en étant bien visibles, ces fragments d'image font s'exclamer les spectateurs dans la salle, surpris, ravis de remarquer des broutilles qui mettent en évidence la malice du réalisateur. C'est un endroit particulier que montre Pascal Rabaté, un village universel par son silence et fondamentalement Français, avec ses routes et ses hôtels délabrés, ses magasins tenus par des épiciers peu scrupuleux ravi d'être les seuls à proposer un litre de lait sur un périmètre démesuré. Le réalisateur esquisse le visage d'une France rurale et abandonnée, où, pourtant, il fait bon se ressourcer.


Ses personnages sont au moins aussi simples et barrés que le paysage. Au premier abord, ils n'ont pourtant rien d'extraordinaire; leurs moindres actions sont d'un quotidien presque rébarbatifs. Partir en weekend à la campagne, se retrouver autour d'un jeu de Scrabble, partager un moment autour d'un feu sur une plage, jouer au cerf-volant... ces activités sont partagées par une grande majorité de Français, ayant juste les moyens de s'évader un peu sans trop dépenser non plus. Mais voilà que Pascal Rabaté y ajoute de la naïveté, beaucoup d'amour, et une bonne dose d'extravagance, et tout se transforme. On ne va certes pas bien au-delà de l'anecdote amusante, mais son humour est rafraichissant.


Porté par le gag visuel, à la façon de Jacques Tati, ses personnages ouvrent de grands yeux, et s'expriment avec leur corps. Il n'y a pas de dialogue dans ce film, mis à part quelques onomatopées; et le réalisateur s'appuie sur les situations, sur une caméra explicative, sur des acteurs qui dansent plus qu'ils ne déclament un texte. Un tel parti pris est un gage de mise en scène posée et réfléchie. La simplicité des cadres est indispensable, mais ne reste cependant pas figée et molle; au contraire, elle se veut d'une folle invention, et remplit l'espace d'éléments de décor significatifs, afin de compléter les acteurs.


Ni à vendre, ni à louer, n'est pas d'une incroyable ampleur; le film est juste très séduisant, et réussit à merveille son tour de malice.


Ni à vendre, ni à louer
de Pascal Rabaté
avec: Maria de Medeiros, François Damiens, Dominique Pinon,...
sortie française: 29 juin 2011

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