Chico attend que le temps passe et l'emporte, dans les rues de La Havane, cirant les chaussures des touristes. Ça fait longtemps qu'il ne joue plus de musique, mais elle le ramène toujours 50 ans auparavant... En 1948, il était jeune, et son ami Ràmon cherchait à l'intégrer à des orchestres réputés, croyant en son talent de pianiste. Chico, au détour d'une soirée, tombe sous le charme de Rita, jeune chanteuse au timbre grave presque murmuré. Elle se laisse aller entre les bras d'Américains près à lui offrir le succès, tandis que Chico représente l'exotisme cubain pour les riches Américaines venues s'encanailler. Chico et Rita avancent ensemble, se séparent et se retrouvent, portés l'un vers l'autre par leur passion et séparés par leur fierté.
Chico et Rita est un dessin animé, présenté et récompensé à Annecy cette année. Allez savoir pourquoi, malgré ce dessin traditionnel, l'attrait du jazz, et un scénario adulte, je n'avais pas fait le détour lors du festival. J'ai donc eu la joie de savourer mon impatience de le découvrir en salle, heureusement pas trop longtemps après le festival d'Annecy. Pour vous donner le contexte, la salle était quasi comble, en semaine à 20h dans un cinéma pas trop fréquenté - c'est-à-dire pas un gros complexe de type Gaumont ou UGC - et le public avait au-dessus de 25/30 ans. Chico et Rita est une œuvre qui, bien que réalisée en animation, vise et touche une cible différente de celle d'un classique dessin animé. La sensualité du scénario, du trait, et même de la mise en scène, l'époque qui y est décrite, ne sont pas destinées aux enfants. Chico et Rita est un film "comme un autre", traité avec autant de sérieux qu'une production live.
Comment ne pas commencer par parler justement de cet engagement graphique? Il est sans doute plus facile en animation, plutôt qu'en prise de vue réelle, de donner une couleur à une ville, et de disposer d'un décor d'époque. La Havane est représentée avec des couleurs chaudes, vives; les peaux y sont brunes, les robes éclatantes de couleurs, les costumes des hommes crèmes ou marrons; la ville sent la poussière et les chats errants, pleine de détours et d'escaliers et de portes de service. New York s'élève à la verticale, terne et pâle de jour, brillante de ses lumières la nuit. Sans jamais pour autant tomber dans les clichés, les décors sont brillamment présentés, et leur représentation documentée - tout comme les costumes, d'époque. Les villes ne prennent jamais le pas sur le scénario, et sur les personnages qui y évoluent.
Suffit de parler de l'image, surtout quand on est tant emporté par l'histoire. Il est étrange de constater que, ces derniers temps, ce sont surtout les amours adolescentes qui font le romantisme. Que les personnages aient 15, 25, ou 40 ans, il faut, pour séduire, avoir un côté enfant, pas vraiment raccord avec son âge. Cela peut-être mignon, certes, mais les plus belles histoires d'amour sont celles qui incluent la passion et le charnel. Chico est irrémédiablement attiré par Rita, de son regard alangui, et de sa fougue; Rita s'en va, torturée par l'inconstance de Rico; et ils reviennent l'un à l'autre, pour se retrouver l'un contre l'autre. Le dessin animé réussit à faire passer cette passion de grandes personnes, avec de l'amour sans sentimentalisme. Le jazz enrobe tout cela de décence musicale; car l'oreille est sans doute encore moins chaste que le corps, mais elle a le droit de traîner partout l'air de rien. La musique entraîne forcément la danse, et rien n'est moins pornographique que le piano et les cuivres.
C'est un plaisir de tous les sens que de découvrir Chico et Rita, vrai film, acteurs dessinés, avec un scénario qui tient la route plus que beaucoup de productions live, et une vérité plus réelle qu'un jeu d'acteurs. L'image est également mirobolante, et je ne fais que des compliments à ce film donc... allez-y!
Comment ne pas commencer par parler justement de cet engagement graphique? Il est sans doute plus facile en animation, plutôt qu'en prise de vue réelle, de donner une couleur à une ville, et de disposer d'un décor d'époque. La Havane est représentée avec des couleurs chaudes, vives; les peaux y sont brunes, les robes éclatantes de couleurs, les costumes des hommes crèmes ou marrons; la ville sent la poussière et les chats errants, pleine de détours et d'escaliers et de portes de service. New York s'élève à la verticale, terne et pâle de jour, brillante de ses lumières la nuit. Sans jamais pour autant tomber dans les clichés, les décors sont brillamment présentés, et leur représentation documentée - tout comme les costumes, d'époque. Les villes ne prennent jamais le pas sur le scénario, et sur les personnages qui y évoluent.
Suffit de parler de l'image, surtout quand on est tant emporté par l'histoire. Il est étrange de constater que, ces derniers temps, ce sont surtout les amours adolescentes qui font le romantisme. Que les personnages aient 15, 25, ou 40 ans, il faut, pour séduire, avoir un côté enfant, pas vraiment raccord avec son âge. Cela peut-être mignon, certes, mais les plus belles histoires d'amour sont celles qui incluent la passion et le charnel. Chico est irrémédiablement attiré par Rita, de son regard alangui, et de sa fougue; Rita s'en va, torturée par l'inconstance de Rico; et ils reviennent l'un à l'autre, pour se retrouver l'un contre l'autre. Le dessin animé réussit à faire passer cette passion de grandes personnes, avec de l'amour sans sentimentalisme. Le jazz enrobe tout cela de décence musicale; car l'oreille est sans doute encore moins chaste que le corps, mais elle a le droit de traîner partout l'air de rien. La musique entraîne forcément la danse, et rien n'est moins pornographique que le piano et les cuivres.
C'est un plaisir de tous les sens que de découvrir Chico et Rita, vrai film, acteurs dessinés, avec un scénario qui tient la route plus que beaucoup de productions live, et une vérité plus réelle qu'un jeu d'acteurs. L'image est également mirobolante, et je ne fais que des compliments à ce film donc... allez-y!
Chico et Rita
de Fernando Trueba et Javier Mariscal
avec Bebo Valdès, Idania Valdès, Estrella Morente,...
sortie française: 06 juillet 2011
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