Trois bons mois après la masterclass qui lançait le début de l'exposition, me voilà enfin avec un jour de libre en semaine et point de flemme pour me déplacer à la Cinémathèque française. Car, sachez-le, même en semaine, on s'y presse, à la Cinémathèque, pour admirer l'exposition Tim Burton. Elle se termine en août, faites comme les autres et affrontez la foule, ça vaut le coup. Vous avez vu le dernier film du réalisateur, Dark Shadows? Sans même avoir un autel à sa gloire chez vous dans quelque pièce secrète, vous avez forcément aussi déjà vu Ed Wood (mon préféré), ou L'Etrange Noël de M. Jack, Batman, Beetlejuice, Charlie et la chocolaterie, James et la pêche géante,... Tim Burton a ses travers, et je ne me prosterne pas devant lui. Mais si je fais objectivement le point, j'ai vu intégralement sa filmographie, plus d'une vingtaine de films réalisés en l'espace de trente ans.
Tim Burton n'est pas spécialement un réalisateur prolifique, même s'il tient un bon rythme. Par contre, au quotidien, il a probablement un nombre d'idée non calculable. L'exposition de la Cinémathèque ne tient pas à faire le tour de son œuvre. Vous n'y verrez pas expliqués de long, en large et en travers, les pourquoi et comment de chacun de ses films, ni les moyens de production, ni le résultat sur le public. Le pourquoi et le comment résultent, chacun le sait, et c'est rapidement résumé dans l'exposition, d'un esprit créatif et attiré par les films de monstres tout autant que par l'humour, dès le plus jeune âge; à l'adolescence, Tim Burton réalise ses premiers courts-métrages. Il s'embête à Burbank, une banlieue des Etats-Unis, et y puisent paradoxalement une inspiration sur le quotidien.
S'ensuivent des études au California Institute of the Arts, CalArts, où il rencontre notamment John Lasseter, Henry Selick, Brad Bird,... Il termine ses études avec un court-métrage animé, Stalk of the Celery Monster, qui le projette directement chez Walt Disney. Ce court-métrage est présenté dans l'exposition, par ailleurs jalonnée de petits écrans - un peu inaccessibles malheureusement - qui diffusent en boucle ce genre de pépites, inconnues du grand public. Stalk of the Celery Monster est une merveille d'animation, et dont le scénario, écrit par le jeune Tim Burton, est inventif, simple, et déjà raccord avec la suite de sa carrière. On y voit un monstre, un scientifique fou, un retournement de situation humoristique... Tout comme d'autres petits films devant lesquels on s'arrête durant le parcours de l'exposition, Stalk of the Celery Monster pose les bases du futur réalisateur que l'on connaît.
A Disney, où il collabore en tant qu'animateur puis qu'art director, il réalise également son court-métrage, Vincent, qu'on a la chance de voir également en intégralité au fil de l'exposition. Frankenweenie également, son court-métrage suivant, se montre encore plus sombre, et met ses ambitions d'indépendance en avant. Il rompt avec Disney et réalise son premier long-métrage, Pee-Wee's big adventure. Après ça, on connaît bien sa carrière. Tim Burton n'a pas cependant hésité à re-collaborer avec des grosses boîtes, ni à répondre à des commandes. Mais son univers est tel, qu'on lui demande justement de faire ce qu'il aime, et ce qu'il veut, au lieu de répondre à des exigences. Tout au long de sa carrière, il continue donc toujours à développer les mêmes problématiques, celles de personnages à part, rejetés de la société, ou qui s'en détachent puis tentent de s'intégrer.
Tim Burton a réalisé plus de films live action que de dessins animés. Ses idées et ses personnages surgissent pourtant tous de crayonnés. Après avoir pénétré dans un couloir couleur Beetlejuice, rayée verticalement, et avoir été plongé dans l'ambiance toute burtonnienne d'une salle de monstres en polaroids grand format, puis d'une pièce à lumière noire où tourne un carrousel, entre l'idée d'enfant et la folie d'adulte, on parcourt l'exposition en suivant les carnets de Tim Burton. Parfois, c'est juste une silhouette, trois gouttes d'aquarelle; parfois des crayons de couleur, et parfois des pages griffonnées de pitchs scénaristiques. Des enfants et des nains, des couples bizarres qui s'entremêlent, des monstres, ces dessins parfois deviennent des statuettes, et puis, évidemment, vivent sur l'écran. Stainboy, un projet peu connu, est diffusé en quelques épisodes. A part cette petite série, on voit peu d'images mouvantes, mais des dessins, des dessins, des dessins.
C'est l'inspiration de Tim Burton qui est montrée plutôt que le résultat, qu'on connaît bien. Son processus de création, sans être décortiqué cliniquement, transparaît dans ces pages de carnets. Macabre et poétique, voilà deux adjectifs que j'ai bien retenu de cette exposition qui, encore une fois, ne fait pas seulement un retour sur trente ans de carrière, mais plonge dans l'esprit du réalisateur et cherche directement son inspiration.
Tim Burton, l'exposition
jusqu'au 08 août 2012
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