Un jeune loup, premier prédateur sur les terrains de la Bourse, souhaite une coupe de cheveux. Il prend donc sa limousine pour traverser New York avec sa horde de gardes du corps. On annonce une menace sur sa vie, mais il en a vu d'autres. Le trajet est cependant propice aux rencontres, ralenti par une visite du Président des États-Unis et par le cortège funéraire d'une star du rap qui ont lieu le même jour dans Manhattan.
Cosmopolis est une suite de rendez-vous, donnés ou trouvés en chemin pour aller chez le fameux coiffeur. Eric Parker discute dans sa limousine, ou s'en échappe, trop souvent même, pour aller manger - beaucoup, on aura droit à trois repas complets et une collation, quasiment tous pris auprès de sa femme, une anorexique qui regarde d'un air dégoûté son assiette, de la même manière qu'elle envisage le sexe avec son mari. Et finalement, le trajet, qui s'annonçait confiné, étouffant, dans un huis-clos de têtes à têtes à répétition devient confortable et s'aère tranquillement. Les scènes dans l'espace réduit de la voiture deviennent rapidement monotones car cette limousine permet de larges champs/contrechamps et des plans larges. Le chaos de la rue n'atteint pas l'intérieur de la voiture, et ces scènes se déroulent donc sans accroc, même alors que la foule hurle tout autour de la limousine. Les personnages n'en sont pas affectés et ne sourcillent même pas. On est donc loin de la performance stylistique et on s'évade, bien souvent, au restaurant ou dans une librairie.
La limousine est un cocon, et l'extérieur n'est jamais ressenti non plus comme une menace. Le pauvre petit garçon riche qui se promène dans New York a donc du mal à se faire plaindre. Sa recherche de sensations fortes parait bien futile, tout comme sa pressante envie de sexe - générée par bien peu de choses - ou sa catastrophique prédiction sur le marché du yen qui lui fait perdre des millions en quelques heures. A partir de là, dans un univers sans danger et suivant un personnage auprès duquel on ne compatit pas - on se moque même bien de lui, quand on découvre enfin la fameuse menace sur sa vie... -, le film devient long et ennuyeux. Suite de dialogues pseudo-philosophiques sur le capitalisme et le rôle de l'argent, sans enjeu de mise en scène, David Cronenberg nous offre un discours creux.
Et cette absence totale d'investissement de la part du réalisateur se ressent également dans l'interprétation des acteurs. Robert Pattinson ne change pas son regard par en-dessous d'un iota durant deux heures; les personnages secondaires, eux, tentent d'instiller un peu d'âme durant le peu de temps qu'ils sont à l'écran. En résulte un Eric Parker encore plus froid et insipide, sous ses grands airs et ses phrasés du coq à l'âne. Les discours sont si perchés, qu'il faut les déblatérer avec d'autant plus de sérieux; ce travail s'avère difficile, et les mouvements mécaniques, les déplacements théâtraux de Pattinson, et aussi du personnage qu'il rencontre en bout de course notamment, sonnent terriblement faux.
Autre fausse note, l'âge ridiculement jeunot de ces maestros de la finance. C'est probablement ce qui m'a le plus choquée au début du film, de voir ces enfants jouer aux adultes, parler de sexe, manipuler les ficelles monétaires mondiales comme on joue aux Lego®, est risible dans cet univers où il faut tout de même avoir quelques cheveux blancs pour se faire respecter.
Je suis bien méchante, car je n'ai pas totalement détesté le film, qui offre quelques images léchées, et des seconds rôles convaincants dans leur ensemble. Mais son impact est faible, tant au niveau graphique que dans sa moralité.
Et cette absence totale d'investissement de la part du réalisateur se ressent également dans l'interprétation des acteurs. Robert Pattinson ne change pas son regard par en-dessous d'un iota durant deux heures; les personnages secondaires, eux, tentent d'instiller un peu d'âme durant le peu de temps qu'ils sont à l'écran. En résulte un Eric Parker encore plus froid et insipide, sous ses grands airs et ses phrasés du coq à l'âne. Les discours sont si perchés, qu'il faut les déblatérer avec d'autant plus de sérieux; ce travail s'avère difficile, et les mouvements mécaniques, les déplacements théâtraux de Pattinson, et aussi du personnage qu'il rencontre en bout de course notamment, sonnent terriblement faux.
Autre fausse note, l'âge ridiculement jeunot de ces maestros de la finance. C'est probablement ce qui m'a le plus choquée au début du film, de voir ces enfants jouer aux adultes, parler de sexe, manipuler les ficelles monétaires mondiales comme on joue aux Lego®, est risible dans cet univers où il faut tout de même avoir quelques cheveux blancs pour se faire respecter.
Je suis bien méchante, car je n'ai pas totalement détesté le film, qui offre quelques images léchées, et des seconds rôles convaincants dans leur ensemble. Mais son impact est faible, tant au niveau graphique que dans sa moralité.
Cosmopolis
de David Cronenberg
avec:Robert Pattinson, Sarah Gadon, Juliette Binoche,...
sortie française: 25 mai 2012
No comments:
Post a Comment