Saturday, June 9, 2012

Annecy 2012 - Jour 5

Geste réflexe, j'ouvre mon portable. 9h. 9h!??! Trente minutes plus tard, me voilà à Bonlieu et installée pour le Work In Progress du film Aya de Yopougon. La séance n'est pas passionnante, et n'apprend pas grand chose sur la fabrication du film mais a le mérite de nous faire découvrir des images du film. Je me réinstalle plus tard dans la même salle pour le making-of de The Pirates! Band of misfits, le dernier film des studios Aardman, avec Peter Lord pour présenter le film. Enfin, un long-métrage pour terminer la journée, Jean de la lune, ou LA découverte de cette édition 2012 du Festival d'Annecy.


La séance de Work In Progress est dirigée par Dimitri Granovsky et le co-réalisateur du film, Clément Oubrerie, ainsi que son producteur, Antoine Delesvaux sont présents pour présenter le film. Aya est une bande dessinée de 6 volumes avec déjà pas mal de succès, dessinée par Clément Oubrerie et écrite par Marguerite Abouet. La bande dessinée place son action en Côte d'Ivoire dans les années 1970 et le dessinateur a avant tout mis l'accent sur l'acting figé dans ses cases, et sur les dialogues, savoureux et rythmés. Le film Aya a été envisagé en commençant la production du Chat du rabbin, les deux bandes dessinées étant éditées dans la même collection de Gallimard, Bayou . Ces deux projets d'adaptation ont pour point commun d'être réalisés par leur auteur, principe éditorial souligné par Antoine Delesvaux, qui voit cela comme une déclaration d'indépendance.

Pour proprement parler de la fabrication du film, Clément Oubrerie est bien l'un des premiers réalisateurs à remarquer l'importance de l'animatique, montée avec David Garcia en six mois. Les voix témoins ont été enregistrée par deux acteurs, dont Marguerite Abouet. L'équipe très très réduite, et incluant les deux réalisateurs, au montage de l'animatique, me paraît quelque peu étrange dans une production de film d'animation, où l'équipe est généralement plus vaste. Le procédé me paraît assez égoïste. De la même manière, Marguerite Abouet a interprété les personnages, filmant ses mouvements pour les donner en référence aux animateurs... N'est-ce pas regarder de haut les animateurs, qui généralement savent faire vivre un personnage? Cependant, la volonté de conserver une seule et même équipe durant toute la durée de l'animation du film, de permettre à une seule personne de travailler sur l'intégralité d'une séquence - et pas juste de s'occuper de bouger le petit doigt d'un personnage sur chaque plan où il se trouve, sans voir le plan dans son ensemble -, est une idée d'équipe.


A part cela, le Work In Progress se contente de nous passer des images, de la bande dessinée, des personnages animés... Et une bonne quantité d'extraits courts mais suffisants pour se rendre compte de l'ambiance du film. L'animation me paraît un peu lente, et loin de l'exubérance et la vitalité de l'Afrique de l'Ouest. L'acting est effectivement caractérisé, mais leur rythme n'est pas franchement maîtrisé. Le découpage est parfois également surprenant. Le film est quasiment terminé, et en phase de finalisation. C'est la date de sortie qui semble à présent être le plus gros enjeu et s'oriente vers février 2013.



Je n'ai malheureusement pas été voir The Pirates! à sa sortie, je découvre donc totalement les images du film. Peter Lord ayant tout prévu, il précède son discours d'une séquence représentative du film. Le très bon côté des gros studios et des réalisateurs chevronnés et souvent anglophones, est que leurs présentations sont toujours bien gérées, et ponctuées de touches d'humour. Il rentre dans le vif du sujet en rappelant toutes les étapes de la fabrication du film qu'on connaît évidemment tous. J'apprends cependant que, même si les studios Aardman font de la stop motion avec des marionnettes, il existe une étape de fabrication entre l'animatique et le shoot des plans animés. Cette étape est celle que les films d'animation normaux font aussi, une étape "pré-animée" avec des images clés et des layout placés.



Durant sa présentation, Peter Lord met aussi et surtout le paquet pour montrer la véritable différence des studios Aardman avec d'autres grands studios, aussi bourrés de talents, mais eux coincés derrière des ordinateurs... Les studios Aardman font travailler les gens manuellement, et on y travaille en mettant réellement la main à la pâte. L'idée principale de la séance pour Peter Lord est semble-t-il de faire découvrir son studio, de rendre hommage à tous les gens qui y œuvrent, plutôt que de montrer la manière dont il a réalisé son film. Il a une sorte de fierté et de joie enfantine à faire découvrir les lieux.


Un long-métrage termine la journée, Jean de la lune, en présence du réalisateur Stéphane Schesch et exceptionnellement de Tomi Ungerer, auteur du livre à l'origine du projet. C'est une adaptation superbe, poétique, un peu triste parfois et surtout très drôle. Les graphismes regorgent de petits détails en arrière-plan. L'histoire se passe dans la nuit, mais l'image est en permanence illuminée de touches colorées. Et la bande-son rétablit l'équilibre entre la simplicité des traits et le scénario de conte pour enfants en parlant également aux plus grands. Jean de la lune est mon coup de coeur de ce festival, et la sortie du film est prévue en France pour décembre 2012.


edit du 12 juin: le podcast audio est disponible sur NoWatch!

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