Marc se retrouve à poursuivre l'amant de sa femme, en pleine nuit, arme au poing. Pourtant, à peine deux heures auparavant, il emmenait gentiment semble-t-il sa chère et tendre à son habituel cours de piano. Une énième fois, elle lui avait fait la morale sur la manière de trier ses chaussettes et avait filé, sans dissimuler sa joie, à son "cours de piano" en oubliant les partitions de Chopin sur le siège de la voiture. Ce dont elle ne se doutait pas, c'est que son mari avait alors déjà pris la décision ferme de la faire assassiner par un professionnel.
Le film commence donc par la fin, et revient rapidement environ 90 minutes plus tôt, alors que Marc n'est encore qu'un simple assureur. Il a certes pris une décision radicale, mais rien ne laisse envisager sa métamorphose. Marc se laisse écraser par sa femme, jolie, mais tyrannique. Cette exposition est bien menée, efficacement interprétée surtout par une Agnès Soral exaspérante. De son côté, Marc regroupe rapidement toutes les caractéristiques de l'homme moyen: une maison, deux voitures, un jardin, pas d'enfant pour dissimuler sa misère de couple, et une calvitie. Marc est un homme banal et trompé.
Le film déroule son intrigue dans un style théâtral, opposant dans des saynètes des caractères précis, et dans une unité totale de temps. Un décompte s'établit qui structure l'action comme des scènes et égrène les minutes qui séparent Marc l'homme moyen de la bête qu'il va devenir. D'abord donc, la base: le personnage principal, sa femme, l'amant. Ensuite, Marc va prendre une voiture de location et rencontrer Toulouse - c'est un nom de code. Toulouse est sombre et mystérieux, un vrai dur qui manie le coup de poing en combat rapproché tout autant que l'arme à feu. Et les précieuses minutes qui passent vont faire s'inverser les rôles.
Ce qui est embêtant dans cette structure, c'est qu'on établit aussi un décompte qui nous sépare de la fin du film. Difficile de se laisser emporter. Quand on s'ennuie, on compte les minutes; ici, cela nous est imposé, et même si on ne s'embête pas, on en a presque l'impression. Pourtant, l'action est vive, le découpage, malgré des silences qui permettent aux acteurs de maîtriser leurs dialogues, tient un bon rythme. Mais on s'arrête systématiquement pour annoncer qu'une scène se termine, et qu'une nouvelle étape s'ouvre, ça sent la maladresse scénaristique qui a peur de s'assumer.
Cette manière de raconter permet aussi cependant de se concentrer sur des courts-métrages qui, mis bout à bout, forment le film. Les courtes saynètes possèdent chacune leur début et leur fin, intègrent chaque fois un nouvel élément ou personnage. L'image ressemble elle aussi à celle d'un court-métrage. Les décors sont peu nombreux, les figurants absents, l'équipe technique réduite. La production fleure donc bon le travail de passionnés qui ont travaillé en amont pour arriver à leurs fins.
Et il y a bien entendu ces deux personnages, Marc et Toulouse, interprétés par deux acteurs bien dans leurs rôles, Didier Benureau et Simon Astier. Ils jouent au premier degré sans donner dans le cliché. L'intervention de la jeune Marie Kremer avec ses yeux plissés et regards par en-dessous, change la donne. Mais dans l'ensemble, avec un texte très simple, heureusement qu'il y a ces interprètes engagés dans le film, qui donnent du corps à cet humour noir.
Ce polar sans grande prétention a priori, à l'esthétique de court-métrage, réussit son coup, drôlatique et bien interprété.
Ce polar sans grande prétention a priori, à l'esthétique de court-métrage, réussit son coup, drôlatique et bien interprété.
Cassos
de Philippe Carrese
avec: Didier Benureau, Simon Astier, Marie Kremer,...
sortie française: 12 juin 2012 (le 06.06 dans le sud)
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