Friday, September 6, 2013

Turbo, de David Soren

Theo est un escargot de jardin. Avec ses collègues escargots, il récolte chaque jour dès que retentit la bouilloire du matin, les tomates trop mûres du potager, en évitant soigneusement corbeaux, tondeuses à gazon et enfants sanguinaires. Le soir, Theo s'isole dans le garage et se repasse en boucle les images de son champion, la star de la Formule1, Guy Gagne. Theo rêve de vitesse... et son souhait se réalise.

Un héros escargot est un parfait anti-héros. Parmi les escargots, Theo est en plus moqué, pas à l'aise dans sa société; il trouve pourtant la force d'accomplir son rêve, même fou. On a déjà entendu ce pitch quelque part. Le thème est sans doute déclinable à l'infini, sur tous les modes. Mais Dreamworks reste dans une sphère bien connue, avec même des musiques codifiées entendues mille fois (We are the champions ou Eye of the tiger, vous situez? Même les gamins de 4 ans connaissent ces airs-là). Pourquoi une fois de plus? Pourquoi ne pas chercher à accomplir un but aussi dingue que celui d'un Theo (ou d'un Po, ou d'un Megamind, ou d'un Harold, etc etc)?


Et même si on ne veut pas prendre de risque sur tous les plans, accordons à ces scénarios conventionnels qu'ils sont bien ficelés, et fonctionnent à merveille auprès des gamins en leur inculquant de jolies valeurs universelles. Il y a un peu d'humour, des personnages farfelus, des instants de doute, un happy end rigolo. Pourquoi ne pas tenter quelque chose ailleurs, du côté de l'image par exemple?


On ne trouve pas de tentative pour donner du cachet à une 3D de nouveau trop lisse, à un relief sans éclat, juste confortable (pour qui réussit à oublier le poids des lunettes sur le nez). Un petit risque aurait boosté Turbo vers une possible victoire. On ne retiendra malheureusement pas ces escargots trop mignons, sexués et à la texture de pâte à modeler moins hasardeuse et plus vendeuse en jouets en peluche qu'une bave visqueuse; on oubliera aussi rapidement les décors codifiés d'une middle class américaine en pleine banlieue pelousée. Le genre humain n'est pas mieux représenté, avec un exemplaire bien sage de chaque minorité.


Ces petits escargots roulent bien dans leurs rails et plairont aux plus jeunes. Pour la pérennité du studio et du film cependant, il aurait fallu sortir des sentiers battus. Turbo est un divertissement enfantin sans grandes conséquences.


Turbo
de David Soren
avec: Ryan Reynolds, Paul Giamatti, Michael Peña,...
sortie française: 16 octobre 2013

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