T.S. Spivet vit dans une ferme au fin fond du Montana, avec un père cowboy taciturne, et une mère évaporée scientifique. Il y a aussi sa soeur Gracie, qui meurt d'envie de sortir de ce trou à rats, et son frère jumeau, Layton. Layton meurt d'une balle perdue. La famille continue à vivre avec le manque créé par l'absence du petit garçon. T.S. est un petit surdoué: il a inventé la machine à mouvement perpétuel, et reçoit pour cela un prestigieux prix. Sans que personne ne sache que ce génie n'a que dix ans, il est invité à Washington pour prononcer un discours.
Vous croyiez que L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet était un film sur le voyage d'un enfant à travers les Etats-Unis? Moi aussi. Jean-Pierre Jeunet nous ment sur la marchandise. En guise de voyage, on stagne dans le ranch où personne ne souhaite rester; au lieu d'un génie, on a un héros coupable; et au lieu d'un film, on nous lit une histoire.
Techniquement, le film est superbe. Je l'ai vu sans le relief, et pourtant, j'ai senti l'utilisation intelligente de ce procédé pour mettre en valeur ce que le réalisateur raconte le mieux: les petites anecdotes, les détails, les cheminements d'esprit des personnages. Ce qui se passe dans leur tête, sous forme de saynètes, ou de "bulles de pensées" (spéciale dédicace à la série Le Petit Nicolas où on nommait des scènes ainsi), se voit exposé "hors de l'écran", pour mieux souligner l'imaginaire. Mais un film n'est pas fait d'anecdotes, et leur accumulation, aussi charmante soit-elle, ne cache pas les erreurs de construction du film.
On commence avec ce qui était supposé l'intrigue principale du film: T.S. reçoit rapidement un coup de fil, pour être invité à participer à un gala en son honneur. Suit une bonne demi-heure d'exposition: T.S. raconte qui sont ses parents, sa soeur, son défunt frère. Il explique ses relations compliquées avec son père, qui avait toujours préféré Layton; son affection pour sa mère, qui poursuit un but impossible plutôt que de s'occuper de lui. Evidemment, ces liens, distendus depuis le décès de Layton, expliquent aussi pourquoi, finalement, T.S. décide de partir.
Le voyage en lui-même n'est pas la partie la plus mouvementée du film, malgré une rencontre incongrue avec Pinon, personnage récurrent dans la filmographie de Jean-Pierre Jeunet. Toute l'affection que je porte à ce gai luron ne suffit pas à en faire un personnage utile au film: la décision de T.S., avec ou sans lui, ne change pas d'un iota.
Arrivé à Washington s'amorce une nouvelle intrigue: le fait que T.S. est un enfant est rapidement accepté, et même exploité par une vice-présidente qui voit là l'occasion de se faire de la publicité. Alors, L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est un film à propos du choc des générations? Une quête initiatique? Ou un film sur les liens familiaux, la culpabilité d'un enfant? L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est un peu tout cela à la fois, foutraque et mal bâti. Jean-Pierre Jeunet introduit autant d'éléments de réflexion autour de sujets variés que de petits détails croustillants dont il a l'habitude.
Pour les plus jeunes cependant, il suffira de se laisser emporter par la joliesse de l'image, et de se laisser conter une histoire (la voix off omniprésente de T.S. est comme un livre lu à voix haute le soir avant de se coucher). Et le personnage terriblement jeune fera forcément rêver les enfants, qui sauront s'identifier et s'extasier de ce fabuleux voyage.
Techniquement, le film est superbe. Je l'ai vu sans le relief, et pourtant, j'ai senti l'utilisation intelligente de ce procédé pour mettre en valeur ce que le réalisateur raconte le mieux: les petites anecdotes, les détails, les cheminements d'esprit des personnages. Ce qui se passe dans leur tête, sous forme de saynètes, ou de "bulles de pensées" (spéciale dédicace à la série Le Petit Nicolas où on nommait des scènes ainsi), se voit exposé "hors de l'écran", pour mieux souligner l'imaginaire. Mais un film n'est pas fait d'anecdotes, et leur accumulation, aussi charmante soit-elle, ne cache pas les erreurs de construction du film.
On commence avec ce qui était supposé l'intrigue principale du film: T.S. reçoit rapidement un coup de fil, pour être invité à participer à un gala en son honneur. Suit une bonne demi-heure d'exposition: T.S. raconte qui sont ses parents, sa soeur, son défunt frère. Il explique ses relations compliquées avec son père, qui avait toujours préféré Layton; son affection pour sa mère, qui poursuit un but impossible plutôt que de s'occuper de lui. Evidemment, ces liens, distendus depuis le décès de Layton, expliquent aussi pourquoi, finalement, T.S. décide de partir.
Le voyage en lui-même n'est pas la partie la plus mouvementée du film, malgré une rencontre incongrue avec Pinon, personnage récurrent dans la filmographie de Jean-Pierre Jeunet. Toute l'affection que je porte à ce gai luron ne suffit pas à en faire un personnage utile au film: la décision de T.S., avec ou sans lui, ne change pas d'un iota.
Arrivé à Washington s'amorce une nouvelle intrigue: le fait que T.S. est un enfant est rapidement accepté, et même exploité par une vice-présidente qui voit là l'occasion de se faire de la publicité. Alors, L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est un film à propos du choc des générations? Une quête initiatique? Ou un film sur les liens familiaux, la culpabilité d'un enfant? L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet est un peu tout cela à la fois, foutraque et mal bâti. Jean-Pierre Jeunet introduit autant d'éléments de réflexion autour de sujets variés que de petits détails croustillants dont il a l'habitude.
Pour les plus jeunes cependant, il suffira de se laisser emporter par la joliesse de l'image, et de se laisser conter une histoire (la voix off omniprésente de T.S. est comme un livre lu à voix haute le soir avant de se coucher). Et le personnage terriblement jeune fera forcément rêver les enfants, qui sauront s'identifier et s'extasier de ce fabuleux voyage.
L'extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet
de Jean-Pierre Jeunet
avec: Kyle Catlett, Helena Bonham Carter, Callum Keith Rennie,...
sortie française: 16 octobre 2013
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