Ceci n'est pas un film. Inès de la Fressange a sorti pour Noël, hasard du calendrier évidemment, un formidable ouvrage aussi joli qu'il est utile, son guide de La Parisienne. Elle y recense ses conseils mode, ses adresses beauté, déco, fashion, agrémente le tout de photos de sa fille Nine, et de ses dessins de filles longilignes. Elle écrit tout cela de sa plume désinvolte, avec Sophie Gachet, et quand il n'y a rien au cinéma, je remercie le Père Noël incarné en la personne de ma grand-mère d'avoir exaucé mes vœux et de m'avoir offert ce guide.
Un peu de futilité ne fait certainement de mal à personne, d'autant plus lorsqu'il est justifié par l'intervention divine d'Inès de la Fressange. J'aime cette fille qu'on a du mal à appeler femme, malgré sa classe indéniable et sa cinquantaine bien frappée. Quand je dis "fille", ce n'est pas qu'Inès de la Fressange ne fait pas son âge; c'est qu'elle a l'air d'être comme nous, que l'on soit enfant ou adulte. Inès de la Fressange a été mannequin, et s'est reconvertie en styliste, femme d'affaire, et surtout journaliste. Ce que je retient d'elle, c'est son œil acéré, à la fois adorateur et pas si dupe, sur le monde de la mode. Toujours élégante, elle sait pourtant se contenter d'un rien. Elle conseille de ne jamais sortir sans maquillage, et est adepte du naturel. Elle a l'air sophistiqué de la fille simple qui a passé trois heures à choisir sa tenue parmi les mêmes basiques dont elle abuse. Elle rigole et est bourgeoise comme on l'aime - comme je l'aime, d'accord - sans serre-tête, sans être ostentatoire et toujours présente sur tous les fronts, moderne et vieux jeu en même temps.
Bon, à part La Parisienne et ses articles dans Elle, je ne peux pas encore me vanter de connaître tout d'Inès de la Fressange. Mais c'est une Française-Parisienne - on fait souvent l'amalgame, les provinciaux nous le reprocheront toujours - telle que je peux l'idéaliser. Son guide regorge d'adresses que je connais déjà; des adresses un peu bobo que je fréquente ou pas, peu importe. Elle décrypte ces lieux, leur fréquentation, leurs points forts. Elle dit ce que elle, elle y aime. Elle dit qu'il faut absolument avoir un trench Burberry. On est toutes d'accord, mais c'est pas pour cela qu'on va dépenser un salaire pour s'en procurer un. La Parisienne est un guide dont les règles doivent être sues, apprises religieusement, et parfaitement contournées, consciemment et consciencieusement oubliées. On y pioche un dessin, un trait d'humour, une dose de bon goût, et on retrouve notre propre vie, qui ne ressemble pas toujours à celle d'Inès de la Fressange.
La Parisienne
d'Inès de la Fressange et Sophie Gachet
éd. Flammarion
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