Monday, November 7, 2011

Le charme discret de la bourgeoisie, de Luis Buñuel

La bourgeoisie dans les années 70; trois notables, avec leurs deux femmes, et la sœur de l'une de ces dernières, tentent de dîner ensemble. Cette réunion amicale est sans cesse remise au lendemain, par des péripéties aussi variées qu'une simple erreur de date, une envie charnelle trop forte, le désir d'un évêque de devenir jardinier,...


Voilà ma première découverte d'un réalisateur classique, dont je ne connaissais même pas les origines surréalistes. Le mouvement surréaliste, conduit en France par André Breton, a été d'emblée embrassé par Luis Buñuel lors de ses études à Madrid, durant lesquelles il rencontre Salvador Dali et Frederico Garcia Lorca (poète, dramaturge mais aussi peintre, musicien,...). Il fonde d'ailleurs avec ce dernier l'Ordre de Tolède, après une vision due à l'alcool. L’Ordre de Tolède a pour seul but de se rendre le plus souvent possible dans cette ville sainte espagnole, afin de manger et de boire à l'excès. Voilà qui définit bien le caractère absurde d'un réalisateur qui a suivi le mouvement surréaliste durant toute sa carrière, depuis Un chien Andalou, co-écrit avec Salvador Dali, jusqu'au Charme discret de la bourgeoisie, l'un de ses derniers films, produit en 1972.


Honnêtement, je n'ai pas choisi ma soirée pour faire une plongée dans un cinéma aussi décousu, et le côté fantasmagorique du film m'a de temps en temps surprise, lorsqu'en rouvrant les yeux après un micro-somme, je découvrais subitement une nouvelle scène, qui n'avait que peu de rapport avec celle que j'avais laissée sur l'écran quelques secondes auparavant. Entre les rêves des personnages, les situations dignes de sommeils d’opiomanes, et mes propres songes, j'ai construit un film sans queue ni tête. Je reviendrai donc, plus éveillée, à Buñuel, pour profiter de sa narration de l'absurde sans qu'elle soit parasitée par ma propre imagination.


Malgré ces divagations perpétuelles, Le charme discret de la bourgeoisie unit un groupe de personnages par de multiples liens. Amants, alcooliques, crapules et trafiquants, ils ont beau ne pas réussir à tous se réunir, ils dépendent les uns des autres par petits groupes. Le charme discret de la bourgeoisie retrouve donc un semblant de chronologie par ces petits nœuds amicaux, amoureux, financiers, qui se forment.


Le film est forcément dépassé; la bourgeoisie d'aujourd'hui n'est plus la même que celle d'antan. La classe décrite par Luis Buñuel, gentiment décadente, apparemment idéale, et qui s'ennuie, est devenue discrète, plus conservatrice. Les bourgeois des années 2000, ceux qu'on voit et qui intéressent, ont moins d'argent, en dépensent plus, joignent des bouts de ficelle, parfois, autant qu'une classe ouvrière. Nous ne retrouvons pas les mêmes problèmes, si légers. Il est donc difficile de s'emballer pour le Charme discret de Luis Buñuel.



Le charme discret de la bourgeoisie
de Luis Buñuel
avec: Fernando Rey, Paul Frankeur, Jean-Pierre Cassel,...
sortie: 1972

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