Sunday, November 27, 2011

Leurs vies éclatantes, de Grégoire Polet - Démon, de Thierry Hesse

On dit souvent que les parisiens sont hautains, et n'ont pas le sens de l'accueil. Entrez dans n'importe quelle petite échoppe parisienne, trouvez le type qui la tient, et dites lui que vous souhaitez découvrir ses produits. Il se lancera dans des discours, humbles ou ravis, ou les deux. Il sera toujours enthousiaste, et démentira tous ces étrangers qui nous trouvent insupportables. Je ne comprends pas trop cette réputation qu'on a. Dans tous les quartiers, les plus insupportablement touristiques, je découvre des hommes et des femmes qui prennent le temps. Je suis pourtant plus embêtante que les touristes, prêts à acheter n'importe quoi. L'exemple d'aujourd'hui se déroule dans une librairie, dont je marque le nom, parce que j'y bénéficie tout le temps d'un service adorable: c'est L'arbre du voyageur, au 55 de la rue Mouffetard. J'aime bien cette librairie parce qu'elle conserve toujours sur son comptoir des exemplaires de La sorcière de la rue Mouffetard, de Pierre Gripari, qui est un  livre que tout parent se doit d'offrir aux enfants, et que tout adulte se doit d'avoir lu enfant.


J'entre dans la librairie, qui est souvent bondée, le dimanche. Les gens font leur marché, les touristes flânent, et tout ce petit monde traîne entre quelques rayons serrés avec des sacs à bout de bras. Je suis restée le nez au-dessus des roses d'une femme pendant que je découvrais une sélection de bouquins; lire les premières lignes d'un roman avec des parfums de fleurs rend ces instants uniques. Revenons-en au service de L'arbre du voyageur. Je mets la main sur un vendeur qui ne se cache pas, le pauvre. Et voilà mon topo pour lui quémander un conseil. Je voulais un livre à lire. Plutôt que de définir ce que j'aime, je trouve plus simple de raconter ce que je n'aime pas. Pas un thriller donc, pas de roman policier. Je souhaitais un livre en français, non traduit. Depuis que j'ai décidé de devenir bilingue, je ne lis plus de romans écrits en anglais ou en américain et traduit ensuite. Mes propres expectatives linguistiques me tapent sur le système. J'avance à la lenteur d'une tortue dans une littérature un peu compliquée; je lis un chapitre à la fois, avant de refermer le volume. Je soupire quand il s'agit de l'ouvrir. Et si l'auteur est simple à lire, on galère à le trouver dans sa version originale. Je me contente donc de lire Game of thrones, de George R. R. Martin, ou du Terry Pratchett. Je ne suis pas au bout de mes peines.


Pas d'arme, du français donc. J'adjoins à ce descriptif l'idée d'une histoire ordinaire, d'un quotidien. Et avec ça, le vendeur réussit à me mettre trois bouquins entre les mains. Le premier se déroule à Paris. Il débute place Saint Sulpice, avec une photographe. C'est un roman choral dans lequel les personnages se rapprochent au fur et à mesure jusqu'à se trouver et se réunir. L'idée de se balader dans Paris, l'aspect cinématographique de la narration m'enchante tout à fait. C'est Leurs vies éclatantes, de Grégoire Polet. La sélection qui suit est écrite par Nicolas Fargues. J'ai reposé ses livres, parce qu'il ne m'en fallait qu'un et que j'en ai déjà choisi deux. Le dernier roman parle d'un reporter, envoyé sur des catastrophes partout dans le monde. Il est blessé et à Paris. Il retrouve l'histoire de ses grands-parents, Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. C'est un peu lourd, dit comme ça, mais le vendeur m'assure que l'auteur ne cherche pas à nouer les tripes de son lecteur, mais l'entraîne avec ferveur à tourner encore et encore les pages. C'est Démon, de Thierry Hesse.


J'embarque les deux bouquins, j'en reparlerai, peut-être. De la littérature, et un Parisien loin des clichés, ce dimanche de novembre.



L'arbre du voyageur
55 rue Mouffetard - 75005 Paris
ouvert tous les jours sauf le lundi

Leurs vies éclatantes 
de Grégoire Polet
éd. Folio

Démon 
de Thierry Hesse
éd. Points

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