Tuesday, January 29, 2013

Blancanieves, de Pablo Berger

Antonio Villalta, célèbre, beau et riche torero est fou amoureux de sa femme, célèbre, belle et riche chanteuse de flamenco. Dans le même élan, ce couple fusionnel est frappé par la cécité et la mort. Le torero est cloué dans un fauteuil roulant après un accident dans l'arène, et Carmencita meurt en couche. Antonio, dévasté, se laisse entreprendre par son infirmière veule. L'enfant né de ce drame est élevé par sa grand-mère et grandit heureuse jusqu'à la mort de celle-ci. La jeune Carmen est alors rapatriée dans le domaine familial, exploitée par sa belle-mère et cachée à son père. Elle le retrouvera cependant, avant que leur rencontre ne soit mise à jour par la belle-mère, folle de rage, qui envoie son amant tuer Carmen. La jeune femme parvient à s'enfuir et trouve refuge dans une compagnie de nains.


La relecture du conte de Blanche-Neige, retransposé dans l'Espagne des années 20, est parfaitement assumé par le scénario. L'histoire de Carmen, renommée Blancanieves par les nains qui la recueillent, est semblable dans les grandes lignes à celle des frères Grimm. Mais Carmen ne voit pas les similitudes, d'abord trop jeune pour s'en rendre vraiment compte, puis amnésique suite au choc de sa tentative d'assassinat. Elle ne se doutera donc pas que la pomme que lui tend sa belle-mère est empoisonnée... Si le scénario suit à peu près le conte, il s'en écarte aussi dans les détails. Enfin, les détails... Antonio Villalta est un grand torero, sa fille suivra donc ses traces. Ce spectacle controversé un peu partout dans le monde est au centre du film. Cependant, plutôt que de lancer la polémique sur l'atrocité ou pas de la chose, Pablo Berger utilise surtout cette pratique pour plonger au cœur même d'une société traditionnelle. Ainsi, la corrida, le flamenco, font partie de la culture, et sont les racines d'un pays comme de Blancanieves, qui y puisera ses souvenirs.


Pour donner du corps à un passé espagnol, pétri de folklore, Blancanieves est également filmé en noir et blanc, au format 4/3, et sans son direct. Cet hommage graphique aide grandement à faire fi des discussions sur la corrida; et permet d'appuyer joliment la tragédie, celle du conte, mais aussi celle que les Espagnols, au tempérament méditerranéen, mettent dans leur vie. Les joies et les peines sont soutenues par un superbe noir et blanc, encore renforcé par les traits acérés, soulignés de maquillage, des femmes; Blancanieves est encore plus lumineuse, dans la blancheur de toute son innocence. Le parti pris de la mise en scène ne fait pas du film une curieuse vieillerie, mais modernise étonnamment, au contraire, le propos.


L'idée cependant, de se retrouver en tête à tête avec un écran et des images, sans être porté par le dialogue, en rebutera plus d'un. L'expérience pourrait pourtant plaire, entre modernité et classicisme.


Biancanieves
de Pablo Berger
avec: Macarena Garcia, Maribel Verdù, Daniel Gimenez Cacho,...
sortie française: 23 janvier 2013

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