Voici la petite sélection lecture du moment. Toujours et toujours en rapport avec l'image, celle d'un Tolstoï récemment adapté au cinéma, et puis du dessin.
Anna Karénine, de Léon Tolstoï
Après avoir vu et grandement apprécié l'adaptation de Joe Wright, j'ai eu envie de rattraper mon retard et je me suis lancée dans la lecture de ce grand classique de la littérature russe. C'est un pavé énorme, même en édition de poche, et pourtant je l'ai lu d'une seule traite, alors qu'il m'arrive fréquemment de laisser des livres de côté une fois que j'en ai lu la moitié pour les reprendre seulement trois mois plus tard. Je crois la traduction excellente, et le style de l'auteur est bien plus simple que ce à quoi je m'attendais. Les dérives philosophiques qu'il met dans les paroles de ses personnages ne sont jamais barbantes et joliment distillées dans l'histoire. Et on est pris par cette dernière, dans un tourbillon pas infâme comme bien des romans d'amour aujourd'hui. Le flirt, le mariage, l'amour et même le sexe sont joliment prudes et pourtant terriblement présents dans une société en apparence bien sage. D'Anna à Kitty, d'Alexis à Levine, de Karénine à Vronski... Toutes les déclinaisons de la passion avec leurs aléas ne semblent pas désuets.
Je remarque en passant que l'adaptation cinématographique est sublime, évidemment pas exhaustive, mais les morceaux choisis le sont avec beaucoup de sens, et certaines scènes sont à l'image même du livre.
Un printemps à Tchernobyl, d'Emmanuel Lepage
éd. Futuropolis
En 1986, la centrale nucléaire de Tchernobyl explose. En pleine Guerre Froide, les gouvernements communiquent différemment sur le sujet, et la population n'est prise en main que trop tard. Aujourd'hui, il reste des travailleurs à Tchernobyl, mais leur présence sur place est contrôlée, rationnée. Trente kilomètres autour de la centrale, autour de la ville morte, la zone est déclarée interdite. Des villages subsistent cependant à la frontière. En 2007, un collectif français envoie sur place des artistes, chargés de rendre compte de ce qu'il reste de Tchernobyl. Emmanuel Lepage a accepté de faire partie du voyage et passe quelques semaines en Ukraine, à la limite de la zone.
Son ouvrage est son témoignage, du stress du départ à cette vie étrange, sur place, qui continue. Il s'attend à une terre calcinée, à des formes inhumaines, et découvre un monde coloré, une communauté pleine de vie. Il s'imagine pourtant, au-dedans, la contamination, des sols, des enfants et de toute une économie dévastés. Son livre fait passer une grande force, un constat douloureux et montre aussi que, malgré tout, le rire et la solidarité, l'espoir sont aussi là, dans ce rayon silencieux autour de la catastrophe.
La fille du samouraï, de Fred Bernard et François Roca
éd. Albin Michel
Vous évitez généralement le secteur pour enfants de votre librairie? Dommage pour vous. Je crois bien que cet ouvrage y est rangé, et pourtant, il n'est pas à mettre entre les mains des petits. Certes, la police d'écriture est assez épaisse, on est loin des 800 pages de Tolstoï; certes, les illustrations ont une belle envergure, on resterait à les contempler, tiens, plutôt que de lire; mais l'histoire est bien celle d'un apprentissage du combat, la cécité, la vieillesse et la mort font partie du récit. Les deux compères n'en sont pas à leur premier coup d'écriture à quatre mains de littérature illustrée pour adultes. Depuis Le pompier de Lilluputia, il est acquis que les sujets les plus étranges leur correspondent. Le bizarre, qui côtoie presque le fantastique, leur convient à merveille. Et les grands enfants sont ravis de se plonger dans des ouvrages emplis de belles images, en accord avec leur âge.
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