Monday, March 11, 2013

No, de Pablo Lorrain

Pinochet, en 1988, pour répondre à la pression internationale, organise un référendum. Les Chiliens doivent répondre si oui ou non ils souhaitent le conserver à la tête du pays. Du côté du oui, les jeux sont faits: leurs partisans sont actifs, et les absentionnistes, défaitistes, seront nombreux. Du côté du non, le même constat est fait, sauf par un publiciste, qui changera les quinze minutes de visibilité que la télévision leur offre en véritable tribune d'espoir.

Sans même connaître les détails de l'histoire du Chili, le nom de Pinochet fait écho en vrac au parti unique, à l'absence de liberté d'expression, à des méthodes radicales pour faire taire les opinions divergentes, à la dictature. Le spectateur est d'emblée du côté du non, et à ce titre, le film No est étrangement peu politisé. Pas besoin, du coup, d'en rajouter dans la lourdeur historique.


Cinématographiquement, le film est nettement plus engagé. Profondément ancré dans son époque, les années 80, il n'embellit pas les acteurs pourtant bankable, vêtus de jeans informes et filmés sur une pellicule d'époque, très impressionnable. L'image est éclatante de lumière, avec un étrange effet de halo qui donne enviede chausser des lunettes vertes et rouges comme pour apprécier un relief bien vintage. Le format 4/3 renforce encore ce choix extrême de la mise en scène.


Cependant, dans les années 80, il me semble qu'une conversation, commencée dans une pièce, s'y terminait également. Comme si l'espace du cadre était trop étroit, les personnages ne passent jamais plus de cinq minutes dans le même décors, et leurs conversations deviennent des voix off sur leurs déambulations incessantes. Les changements de lieu ne réussissent pas à cacher à quel point le film est bavard. Le rythme égal des discussions et les cuts au métronome entre les séquences ne dynamisent pas les deux longues heures de film. On en arrive au bout tout comme notre héros, sonné et sans réaction à l'annonce des résultats du référendum, dont il a pourtant influencé le dénouement.


Bizarrement, et cela montre à quel point je ne prépare pas ces critiques, j'en arrive à penser qu'il manque à No exactement ce petit emportement politique qu'il me semblait bon être à éviter au départ.


No
de Pablo Lorrain
avec: Gael Garcia Bernal, Alfredo Castro, Antonia Zegers,...
sortie française: 6 mars 2013

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