Wednesday, March 13, 2013

Spring breakers, d'Harmony Korine

Quatre gamines s'évadent de leur quotidien. Après un casse au pistolet à eau réussi dans un fast-food, elles peuvent rejoindre le spring break tant rêvé. La fête, le soleil, les balades en scooters... Mais une fête dépasse les limites et les copines se retrouvent en cellule. Alien, qui s'enrichit facilement en exploitant les spring breakers, avance la caution pour sortir du trou les quatre amies. Elles découvrent avec lui un autre côté de la Floride, toujours aussi démesuré, festif, plus sombre.

Pour peu que vous ayez lu des choses à propos de ce film, je ne vous apprendrais pas qu'il tente d'aller plus loin que la simple provocation. Prendre trois actrices très populaires auprès des jeunes, issues d'un certain formatage Disney-ien, ou du moins, très American dream - Selena Gomez a été découverte sur Disney Channel, Vanessa Hudgens a participé à High school musical, Ashley Benson a commencé à courir les castings à l'âge de trois ans,... - pour les salir dans des spring breaks dont la réputation n'est plus à faire est a priori un joli coup de com'. Harmony Korine ne reste heureusement pas seulement dans le cadre du spring break. Il le pose à côté d'un autre genre de démesure, plus radical et plus violent.


On retiendra un petit côté documentaire dans la première partie du film, sur le spring break, dont les jeunes Américains sont friands. Tout en étant visuellement très suggestif, à base de jeunes et jolis, dénudés et exhibitionnistes, le film raconte aussi le fort besoin de ces jeunes de transgression et de liberté. Malgré l'apparence extrême de ces images, qui choqueront les parents, les spring breakers restent entre potes, et nos héroïnes se caressent et se roulent des pelles par jeu, entre elles, sans finalement risquer grand chose en dehors du cercle qu'elles forment toutes les quatre. Le spring break est un grand terrain d'amusement, où on démontre qu'on est capable de tout... dans une certaine mesure. Et l'intervention de la police lors d'une fête qui va un peu trop loin montre même que tout cela est relativement encadré.


Après avoir subi une petite punition de rigueur, nos héroïnes découvrent la "vraie" liberté, avec un malfrat qui s'autorise tout. Quelques billets verts lui permettent effectivement de se jouer des autorités. La seconde partie du film oublie les plages et les jeunes, et se déroule dans un univers plus sombre, plus adulte. Le souci, c'est que, si le scénario soudain bifurque, la mise en scène reste similaire. Le montage est un assemblage de courtes scènes, répétées sous différents angles pour apporter peu à peu les éléments chronologiques, ce qui m'a permis d'être spirituelle en tweetant #SpringBreakers , 50min de rushes, 1h30 de film. On n'avance qu'à tous petits pas dans l'histoire, et on reste surtout dans un délire très adolescent.


Rien n'est réel pour les quatre gamines, qui font la ronde avec des armes à feu en chantant Britney Spears - et une chanson de Britney en entier, rappelez-vous les années 2000, c'est long -, se caressent avec des billets de banque, font des sauts de cabri en tuant des gens... Tant qu'à entrer dans un univers de gangster, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout dans le trash, au lieu de reprendre des visuels du spring break dans un autre lieu? Les corps dénudés, la première partie du film nous a plongé dedans. On ne voit pas grand chose de plus, ou de vraiment différent, dans la seconde partie. Sans gouttes de sang, sans poils à l'écran - il y a bien une scène de sexe, mais à part dans la bande-son rien de très excitant à voir -, la réalisation reste dans la suggestion, et devient presque ridicule une fois qu'on s'est habitué voir tout ça. Comme rien de neuf n'est donné à manger au spectateur, on s'ennuie et on se moque gentiment de ce pauvre James Franco qui fait son show en brassant beaucoup d'air et qui, attention spoilers, meurt aussi bêtement que Marion Cotillard dans Batman.


Aller à contre-courant d'un titre de film ne suffit pas à faire du cinéma, il faut tenir la provocation sur la longueur et l'assumer plus que cela!


Spring breakers
d'Harmony Korine
avec: James Franco, Selena Gomez, Ashley Benson,...
sortie française: 06 mars 2013

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