Dormant sous terre, dans la forêt, des hommes se lèvent et prennent soudainement la fuite. L'un d'entre eux s'introduit dans une maison cossue. Il se dit clochard, puis jardinier, et acquiert la confiance de la femme de la maison, bourgeoise à la vie rangée, qui passe son temps entre la peinture, ses trois enfants et son mari.
Il y a du quotidien et du bizarre dans ce film d'Alex van Warmerdam. Le quotidien, c'est une vie de famille bien rangée. Marina s'émancipe en lançant des linges pleins de peinture contre des toiles, mais en vérité, elle est une femme sans grande ambition, heureuse entre ses gamins, la nounou, le jardinier et son mari. Celui-ci peut exprimer son racisme, somme toute ordinaire, sans en pâtir. La petite famille, isolée du monde dans sa villa cossue, très nordique, est apparemment parfaite. Le racisme du père, le sexisme accepté par la mère, la bourgeoisie un peu hautaine, ne sont qu'habitudes.
Lorsqu'Anton/Camiel arrive, l'homme incarne l'inattendu. Il est même pire, bizarre, influent et sans environnement fixe. Il imprègne les esprits, des gens et des animaux. Cette part de fantastique s'exprime dans des détails, pas franchement insignifiants: Anton est délogé de son repaire, sous terre, comme un animal; réveille ses compagnons dormant aussi sous le sol; il apparaît là où on ne l'attend pas, commande à des levriers silencieux. Il se penche au-dessus des gens alors qu'ils dorment, et eux cauchemardent. Est-ce qu'il a réellement un don télépathique, ou sa présence met-elle mal à l'aise sans qu'il ait besoin d'accentuer quoique ce soit. Il est le mal, ou un mal sans particularité; un homme, ou une incarnation palpable.
Borgman contruit une ambiance et bouscule des conventions inacceptables. Les torts de la famille investie par Anton ne changent pas la face du monde; ils pourraient continuer toute une vie, puis se transmettre sans que, sur des générations, leur influence ne s'étende. Les méthodes d'Anton sont aussi contestables, incluent le meurtre sans état d'âme. C'est au spectateur de décider par quoi il va se laisser porter, la peur, le dégoût, l'éthique (laquelle?), ou la fascination.
Borgman contruit une ambiance et bouscule des conventions inacceptables. Les torts de la famille investie par Anton ne changent pas la face du monde; ils pourraient continuer toute une vie, puis se transmettre sans que, sur des générations, leur influence ne s'étende. Les méthodes d'Anton sont aussi contestables, incluent le meurtre sans état d'âme. C'est au spectateur de décider par quoi il va se laisser porter, la peur, le dégoût, l'éthique (laquelle?), ou la fascination.
Borgman
d'Alex van Warmerdam
avec: Jan Bijvoet, Hadewych Minis, Jeroen Perceval
sortie française: 20 novembre 2013
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