Wednesday, April 20, 2011

Rio, de Carlos Saldanha

Blu, né au Brésil, n'a pourtant jamais eu le temps d'apprécier son exotisme, sa chaleur et ses couleurs. A peine était-il né qu'un filet l'attrapait, et l'emmenait vers des contrées plus neigeuses. Là, il grandit aux côtés de Linda, petite fille solitaire qui devient jeune femme casanière, cachée derrière ses lunettes, sa fonction de libraire, et leur routine commune qui exclut cet étrange couple, fille et oiseau, du reste du monde. C'est sans compter sur la persévérance d'un scientifique excentrique, qui rêve de mettre Blu en présence de la dernière représentante féminine de son espèce. Commence alors un voyage initiatique pour cet oiseau qui ne sait pas voler et adore sa prison dorée.


Ce dernier né des studios Blue Sky (Ice Age 1, 2, 3,...) plaira à coup sûr aux enfants, avec ses chansons qui restent en tête, des moments humoristiques qui font mouche et des périodes sentimentales qui s'enchaînent dans un rythme enlevé. Coloré, joyeux, dynamique, Rio cumule les points pour être un film qui s'accroche à la rétine. Au-delà du bon moment passé devant l'écran cependant, il n'y a pas grand chose à tirer d'un scénario qui exclut tout message politique à l'exception de celui d'un amour libre et d'une amitié sans faille. Rio ne prend aucun risque pour se montrer un peu original et sortir du carcan du film d'animation pour enfants, plein de soleil et de bons sentiments.


J'aurai sans doute été moins gentille encore si j'avais vu Rio dans des conditions "normales", et pas lors de l'avant-première équipe à New York dans une salle immense, une ambiance de fin de production fêtée sur Times Square. *C'était le moment ego.* Pour en revenir à notre sujet cependant, à moins que vous n'ayez des liens particuliers avec les animaux, ou le carnaval de Rio, ce film vous laissera probablement de glace; on n'y retrouve pas l'humour décapant de Ice Age, qui prouvait déjà, avec ses nombreuses suites et le retour sans surprise de Scrat en début de séance, que Blue Sky aime les succès à coup sûr.


Techniquement, le film est impeccable. Scénaristiquement, il est juste bien pensé pour plaire aux enfants. Je pourrais arrêter ma critique là, qu'y a-t-il à dire de plus? Peut-être ma propre lecture du film, terriblement érotique - n'allez pas analyser mon caractère avec ça, merci! J'ai trouvé étonnant, voire choquant, qu'un film si plein de bons sentiments, soit aussi manichéen sur le sujet; en général, on cache le sexe derrière plus de subtilité. Blu doit cependant féconder Perla, et la scène de leur rencontre montre un puceau tout excité à l'idée de sa première fois. En parallèle de son apprentissage du monde, Linda, sa propriétaire, se transforme également à force de se frotter à son scientifique fou d'oiseaux rares. La bibliothécaire à lunettes, solitaire et peureuse, déploie ses ailes, laisse tomber sa crème solaire, termine légèrement nue - c'est un euphémisme - et évidemment amoureuse. Je dois avoir l'esprit un peu tordu, mais cet affichage de désir sexuel m'a tout de même sauté aux yeux.


Peut-être pour toucher un public plus adulte - tout cela reste tout de même très chaste, que les parents ne s'affolent pas -, Rio sort alors maladroitement des rails. Mais le style Blue Sky reste tout de même marqué par un marketing extrêmement ciblé.


Rio
de Carlos Saldanha
avec (en VO): Anne Hathaway, Jesse Eisenberg, Jamie Foxx,...
sortie française: 13 avril 2011

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