Pierre Rabhi est un des représentants de l'agro-écologie en France. Il est aussi paysan, écrivain, et développe une certaine sorte de philosophie tournée vers la terre et vers les hommes. Depuis sa ferme en Ardèche, jusqu'au Mali et au Burkina Faso, ou en Roumanie où sa sagesse s'étend, ce documentaire suit ses pas pour expliquer les fondements de sa démarche.
Pierre Rabhi est un homme petit, fin, dont le corps accuse l'âge mais dont les mains et le regard montrent l'énergie considérable. Il est à la fois d'une grande douceur et d'une belle conviction, asbolument intraitable. Honnêtement, je ne vais pas vous faire l'apologie de l'agro-écologie... Le documentaire remplit ce rôle, en montrant évidemment des résultats probants et des hommes convertis et engagés. Cela dit, je ne crois pas, à moins d'opposer à cette pratique des considérations monétaires, ou d'être totalement désanchanté, sans espoir pour l'avenir, qu'il soit possible de démonter les bienfaits de l'agro-écologie. Marie-Domnique Dhelsing réussit même à montrer qu'en produisant en accord avec son sol et l'éco-système, on ne devenait pas décroissant pour autant, on ne se coupe pas du monde moderne pour vivre sale et crotteux.
Cela dit, je ne comprends pas pourquoi les gens adeptes de cette manière de penser se devraient forcément de détester la ville, la pollution et garder des dreadlocks et porter des tuniques en lin bariolées. Quel cliché, sérieusement! Je serais curieuse de voir comment peut se développer une pensée proche de celle de Pierre Rabhi en ville. Je vais moi-même à l'encontre de ces images qu'on nous montre sans cesse: j'aime porter des jeans, je ne supporte pas la campagne plus de quelques jours, je vais chez le coiffeur tous les trois mois au minimum; pour autant, je n'ai pas de souci à jouer avec les vers de terre, je ne mets les pieds au supermarché que pour acheter du papier toilette. J'ai l'air d'une citadine à 100%, et ce n'est pas pour ça que je n'espère manger que des légumes "vivants", un peu comme le vin "nature".
Comment vivre en ville et aimer Pierre Rabhi, sans porter des sandales moches? Voilà ce que m'a inspiré ce documentaire, et ce n'est pas rien. Je vous engage à aller découvrir, si vous ne le connaissez pas encore, ce petit bonhomme qui nous prouve que la terre, la masse même marronnasse qui colle aux pieds et se cache sous le goudron, aurait tout ce qu'il faut pour nous faire vivre, pour peu que nous en ayons conscience. Pierre Rabhi raconte l'histoire d'un petit oiseau qui, alors que le feu ravage la forêt et que les animaux regardent, les bras déjà baissés, abattus, les flammes à l'oeuvre, remplit son bec à la rivière et jette une goutte d'eau minuscule sur le brasier. Chacun, à hauteur de ses moyens, peut et se doit d'agir.
Pour une plus grande diffusion en salles, le documentaire recense des fonds via ulule.com. J'y ajoute ma contribution comme une évidence.
Pierre Rabhi, au nom de la terre
de Marie-Dominique Dhelsing
sortie française: 27 mars 2013
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