Kang-Do, pour gagner sa vie, récupère auprès de créditeurs leurs emprunts... Ses pauvres victimes doivent dix fois la somme qu'ils ont demandée, et ne peuvent évidemment pas rembourser. Kang-Do se charge alors de les mutiler avec leurs propres outils de travail, afin de récupérer l'argent des assurances. Une femme le suit et découvre son parcours. Elle déclare être sa mère, et regrette profondément de l'avoir abandonné à sa naissance, le laissant grandir dans la solitude. Elle prend pour elle ce qu'il est devenu, un monstre.
Tout à fait par hasard, ou alors parce que Effets secondaires me travaillait trop, j'ai trouvé des similitudes dans le scénario du film de Kim Ki-duk avec celui de Steven Soderbergh. Kang-Do est franchement le salaud de Pieta, et la mère qui le retrouve et qui s'en veut est une sainte. De mille manières, Kim Ki-duk nous assène cette dualité. Kang-Do, avec sa gueule de petite frappe, fait son "métier" avec sang-froid. Il vit seul, laisse les abats de son dîner, un poulet fraîchement tué, sur le sol de sa salle de bain, se masturbe la nuit dans son oreiller. Son parcours est immuable, cruel.
Quand la mère débarque, sa jupe rouge, ses petits pas, son regard embué et sa volonté de tout accepter de ce fils ingrat, la transforme en martyr. Les images sont encore plus dures, quand il s'agit de faire endurer à cette figure de la repentance, toutes les épreuves pour qu'elle accède enfin au pardon. Bon, jusque là, vous ne voyez pas trop le rapport avec Effets secondaires, pas vrai? Ce rapport existe pourtant dans le retournement de situation. Le virage à 180° nous fait, au milieu du film, totalement reconsidérer tout ce qu'on vient de voir. Les personnages changent de visage, passent de victime à tortionnaire, et inversement. On était tellement sûr de nous... et jusqu'à la fin du film, il faudra se débattre avec nos idées et nos sentiments. Quel personnage est bon, lequel est la figure du mal?
Ca, c'était pour le rapprochement avec Soderbergh. La différence, c'est le sentiment. Effets secondaires m'a fait l'effet d'un film totalement froid, tellement concentré sur son coup de théâtre qu'il en oubliait de raconter une histoire. Pieta raconte le sentiment filial, le sentiment maternel, montre la société coréenne dévastée par sa propre économie qui monte en flèche. Pieta transpire d'émotions.
Les images ne sont pas pour autant mises de côté, cadrages superbes dans décors de ville en mode fin d'un monde. Dans un univers de tôle ondulée, en gris et rouille, se détachent les regards d'un fils et d'une mère, illuminant tout.
Les images ne sont pas pour autant mises de côté, cadrages superbes dans décors de ville en mode fin d'un monde. Dans un univers de tôle ondulée, en gris et rouille, se détachent les regards d'un fils et d'une mère, illuminant tout.
Pieta
de Kim Ki-Duk
avec: Lee Jung-Jin, Min-Soo Jo, Eun-jin Kang,...
sortie française: 10 avril 2013
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