Monday, April 8, 2013

La maison de la radio, de Nicolas Philibert

Radio France, à Paris, est une immense fourmillière. Toute la journée... et toute la nuit, derrière ses fenêtres, les prises de son sont permanentes. De l'info à la culture, des rencontres, des découvertes, les auditeurs découvrent cette fois ce qui se passe derrière la radio.


Nicolas Philibert avait déjà été sous le feu des projecteurs avec Etre et avoir, alors qu'il s'immergeait dans une école de village. Son approche documentaire est très particulière, et son point de vue est véritablement cinématographique, et non celle d'un journaliste. Plutôt que de ne pas s'impliquer, de se dissimuler et de voler des images sur le vif, il préfère s'intégrer, se montrer présent, jusqu'à ce que ses protagonistes aient suffisamment confiance en lui pour oublier sa caméra. Par ailleurs bienveillante, cette dernière capte des images justes et frémissantes.


Commençons au début. Le documentaire s'annonce presque classique, avec des plans fixes lors du générique début, larges sur ce bâtiment immonde et gigantesque de l'avenue du Président Kennedy. Et puis les fenêtres de la Maison de la Radio, toujours illuminées, deviennent une cacophonie de sons, des gros plans de bouches, qui parlent, se superposent, ne s'arrêtent jamais. La caméra se change elle-même en fenêtre sur l'intérieur de la Maison de la Radio. Nicolas Philibert serre son cadre, plus sur les intervenants que sur les animateurs. Pas de contrechamp, une émission se regarde du côté... de ceux qui écoutent. Une seule fenêtre donc, par émission. On ne sait pas toujours qui est en face, qui entoure, qui surveille et contrôle, mais on capte une attitude, derrière un micro, des gestes tonitruants invisibles pour les auditeurs, des regards qui se perdent hors-champ. Quelques réunions de travail réunissent parfois plusieurs personnes dans le cadre, mais un seul interlocuteur est généralement isolé.


On suit certaines émissions dans leurs constructions, ce qui donne une structure au film. L'ordre chronologique du documentaire ajouté à cela ne suffit pas pour dynamiser quand même certaines séquences, et quelques longueurs viennent éteindre l'attention sur spectateur... vite réveillé par les rires dans la salle! Ca n'a l'air de rien, mais les cadrages pertinents racontent eux-mêmes des choses, souvent très drôles, et je n'ai jamais connu une salle réagir autant sans qu'on l'y pousse lourdement.


Toute l'intelligence du documentaire est là, dans ce qui se raconte à l'image, et ces silences se regardent plutôt qu'ils ne s'écoutent.


La maison de la radio
de Nicolas Philibert
sortie française: 03 avril 2013

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