Dans un univers, deux mondes se regardent sans se côtoyer, chacun contraint par sa naissance et sa gravité à rester de son côté. Adam vit "en bas", sur une terre ravagée, humide et sombre. Dans son enfance et jusque dans son adolescence, il vit un amour interdit, depuis le pic d'une montagne, avec Eden, qui vit "en haut", privilégiée, ensoleillée. Leur relation mise à jour, Eden disparaît de sa vie. Dix ans plus tard, il apprend qu'elle travaille chez Transworld, l'unique lien entre les terres opposées. Adam fait tout pour trouver un poste chez Transworld.
Tout film de science-fiction se doit de rappeler les bases de son univers, car même si les geeks connaissent certaines règles, le quidam du grand public n'est pas forcément très au courant. Upside down tente de concilier tout le monde; certains aspects de son monde sont très basiques dans le monde de la SF, notamment un certain manichéisme qui oppose deux économies simples: les riches en haut, les pauvres en bas. Transworld est également un élément redondant de la science-fiction, représentant l'autorité et l'ordre. Pour le reste, il faut tout expliquer: les gravités différentes, ce qu'il advient des éléments nés d'un côté, arrivés de l'autre côté, la technique, en gros. Le film prend le temps d'expliquer tout cela, et se débarasse malheureusement dès le début de son aspect technique pour se concentrer sur autre chose. On entre donc dans le vif du sujet, après un laborieux quart d'heure de voix off.
Et le "vif du sujet", une jolie histoire d'amour interdit, à la Roméo et Juliette, à la West side story, est d'une belle simplicité. Tant mieux, car dans un décor si compliqué à aborder, à comprendre pour l'oeil et le cerveau du spectateur, sans cesse retourné, il valait mieux une intrigue simple et jolie. Les deux acteurs réussissent le challenge d'évoluer avec grâce en marchant sur la tête et si ça n'avait tenu qu'à eux deux, leur amour aurait pu être palpable. Mais, grosse erreur de scénario, jamais on ne met de côté l'idée de la gravité, des mondes opposés, pour se concentrer sur leurs sentiments. Sans doute pour justifier les moyens et l'argent mis dans le film, la caméra se tourne sur le décor et ne se concentre jamais sur ses personnages. Parfois, on se rappelle qu'on raconte une histoire, et on rajoute in extremis une scène pour faire évoluer les héros. Mais, majoritairement, on se concentre sur de très réussis paysages.
Ils sont superbes, crédibles, ingénieux, mais un décor reste un décor. On aurait pu autant apprécier leur qualité s'ils étaient restés à leur place. Car les contempler ne suffit pas, et ne fait pas avancer notre histoire! Il y a tout pour faire un excellent film dans Upside down; une romance qui tient la route, un univers fantastique, des acteurs charismatiques. Mais la sauce ne prend pas entre tous ces éléments, mal agencés, oublieux des priorités.
Upside down
de Juan Solanas
avec:Jim Sturgess, Kirsten Dunst, Timothy Spall,...
sortie française: 1er mai 2013
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